dimanche 23 août 2015

DIANA - Pièce satirique en 5 actes [Gallinacé Ardent]

DIANA
Pièce satirique en 5 actes



































PERSONNAGES

CHARLES, prince eunuque et héritier de la Couronne D’Angleterre
DODI AL FAYED UN, émir robot
LADY DIANA, princesse rebelle, épouse de Charles
LEANDRE, chauffeur bossu
HUBERTIN, paparazzi
RASTA, paparazzi, confident d’Hubertin
MORGAN, confident de Léandre
CLYTHORIS, servante de Diana
Chien.
  La scène se passe au Ritz *****, à Paris.



































ACTE PREMIER


Scène 1 : CHARLES, Chien.

CHARLES 
Ainsi donc, la voilà, cette ville-lumière,
A laquelle je vins, pas plus tard qu’avant-hier.
Dans ta flamme, Paris ! Tu inspires les Grands.
Brûlés par ta superbe, éclairés par ton sang,
Les grands penseurs te louent. Mais ton inspiration
La méritè-je aussi ? Moi, Charles, ce vieux lion ?
Virilité perdue, je viens te chercher là
Car impuissant je suis à contenter Diana.
De cette douce reine à la peau en airain
Combien de durs refus ai-je encaissé en vain ?
De mon membre, martyr, ô combien j’ai souffert !
J’ai donc pris un robot pour bien la satisfaire :
Un robot d’acier pur, et qui avait pour nom
Dodi Al Fayed Un, ou un mot aussi long.
Enfin, Diana ainsi se trouve contentée
Près de cet étalon, allant chez ce Morphée
Que je ne peux trouver, occupé que je suis
De n’être pas si dur, car bander je ne puis.
Mais si force revient, je tuerai ce vilain !
Supplanté jour et nuit, je hais ce malandrin.
Mais je crois avoir ouï qu’un autre amant la voi.
La triste forfaiture en sa part je ne croi.
Peut-être est-ce Hubertin, ce beau paparazzi
Qui la retient ainsi, de par son fort zizi ?
Est-ce Léandre alors, le disgracieux chauffeur ?
Partout des dards levés complotent sur mon cœur.
Au vil adultérin, un supplice royal :
Je fais chauffer un pieu, et je l’embroche au pal.
Mais chut ! Voilà quelqu’un. Taisons nos noirs desseins.
Le silence du mort les tiendra dans mon sein.

Scène 2 : CHARLES, CLYTHORIS, Chien.
CLYTHORIS 
Adonques tel Platon, parleriez-vous tout seul ?

CHARLES 
Je parlais, Clythoris, à mon cher épagneul.

CLYTHORIS
Votre femme chérie, que je sers, vous demande
Si pour que vous bandiez, il fallait qu’on vous pende.
Un mot : elle veut voir comment va votre verge.

CHARLES
Dites à mon aimée que bientôt elle émerge,
Pour l’instant qu’elle voie Dodi Al Fayed Un.
Hélas ! Trois fois hélas ! N’arriverais-je à rien ?

CLYTHORIS
A propos, le robot lui aussi, est en panne.
CHARLES
Je vais en profiter ! Allons voir ce pauvre âne.

Scène 3 : CLYTHORIS, LEANDRE, MORGAN

LEANDRE
Avançons, cher ami, dans la pompe du lieu.
Tu ignores mon plan ; d’inconnu à tes yeux
Après t’avoir montré tout ce que je convoite
Il sera en ton cœur, caché comme une boîte,
Pleine de chers trésors, qu’un roi, secrètement,
Enterre au plus profond pour masquer son haut rang.
Je l’aime.

MORGAN
               Qui, seigneur ?

LEANDRE
                                      Elle.

MORGAN
                                              A la fin, qui est-ce ?

LEANDRE
De cette tendre amour tu vas en voir la messe.
Mais d’abord, renvoyons cette jeune soubrette ;
En effet, point ne veux que l’oreille elle prête.

Scène 4 : LEANDRE, MORGAN

LEANDRE
Enfin seuls ! Tu ne sais à quel point, cher Morgan,
Une étrange tempête a fait jour dans mon crâne.
Ah ! Ces flots déchaînés ne m’ont point laissé vivre !
C’est mon secret, enfin, qu’il faut que je te livre.

MORGAN
Ecourtez donc, seigneur. Enchaîné aux tourments,
Votre esprit doit saisir la main que je vous tends.

LEANDRE
Ah ! Tu l’as deviné : l’objet de mon idylle,
A pour beau nom Diana.

MORGAN
                                       Quoi ?

LEANDRE
                                                 La reine !

MORGAN
                                                               Plaît-il ?

LEANDRE
Tu as compris.

MORGAN      
                       Horreur ! Stupre et fornication !
Grands Dieux ! Mais pourquoi donc une telle passion ?


LEANDRE
M’employant corps et âme au métier de chauffeur,
Je ne pus m’empêcher, dans mon rétroviseur,
De constater un Ange (oui, un Ange ! ) installé
Sur le siège, occupée à bien se maquiller.
Elle n’en avait (d’ailleurs ) pas besoin, étant belle
Comme l’astre divin qui la vit naître au ciel.
L’inhumaine beauté ne me remarqua pas,
Mais elle m’embrasa, et ce jusqu’au trépas.
La messianique lueur, ah ! Me tuait, me perdait.
Mon âme tout à coup claqua des dents. Jamais !
Jamais je n’avais vu Ange si mystérieux
Allumer mon flambeau, mon adamantin feu.
D’un regard soutenu, elle m’aurait blessé,
Transpercé, transcendé, ébahi, médusé!
Comme un sublime Ulysse, et comme une Jocaste,
Elle aurait provoqué, de ma vulgaire caste,
La grande élévation de ceux qui toujours aiment !
Je crus bon de me tuer en la minute même.
Mais elle descendit, ne laissant que la Nuit,
Le néant vieillissant, l’amertume et l’ennui,
L’Erèbe pour l’aveugle, et l’enfer et la suie
Au cœur carbonisé que j’avais infini.
Ainsi que pour toujours les éternels regrets
De celui qui aima, mais ne fut pas aimé.
Mais halte ! Achevons là. J’entends quelqu’un rentrer.
Par Diana encor point ne veux être hanté!
Allons ! Aujourd’hui même, à la douce princesse
Je m’en vais déclarer ce qui me met en liesse.

Scène 5 : HUBERTIN, RASTA

HUBERTIN
Goûte donc, ma Diana, les ultimes moments
De vie sans Hubertin, car il est proche temps
Où tu m’appartiendras ! La dure extrémité !
Mais las ! J’y suis réduit. Car tout m’y a forcé.

RASTA
Expliquez-vous, seigneur. Déjà, tendre auditeur,
De vos inclinations je connais la teneur.
Pyrogravée au cœur, telle est l’image aimée
De l’adorée Diana qui se trouve bien née.
Je connais l’animal : de ses yeux elle voi
Non pas un beau dauphin, non pas un gracieux roi,
Mais un grotesque serf, roturier parasite,
Méchant paparazzi, que le seul nom dépite.
Chez vous, aimant ami, Diana, cette insensible,
Ne peut percer à jour qu’uniquement l’horrible.
Hubertin représente un métier qu’elle abhorre,
Puisqu’à sa vie privée vous lui portez grand tort.
Vous traquez constamment cette biche effrayée
Essayant d’en savoir bien plus qu’elle n’en sait
Sur son âme et son corps. Seigneur, vous abusez.
Vouloir aimer Diana, en faisant ce métier
Voleur de pleurs, de joies, de sourires et d’âmes,
Sans cesse produisant le malheur dont se pâme
Ce public, captivé par tant de luxuriance
Et toujours plus goulu, il se remplit la panse.
O combien je méprise, et tu le vois, mes scoops !
De la grasse jument il faut flatter la croupe.
C’est en photographiant que l’on tourne à la fange.
C’est en photographiant que l’on dévoie un ange.
Ce métier est le nôtre, et nous l’avons voulu.
Seigneur, ne pensez plus. De par mes cheveux drus
Je vous l’ai dit cent fois : laissez tomber Diana.
Vous serez, de chasseur, victime : évitez ça !
Elle vous perçoit mal : vous semblez animal
Hyène cherchant un os, laid cafard, crapaud sale
Bavant sur la colombe. Et vous osez l’aimer !

HUBERTIN
Tu m’as déjà tenu un tel discours ; assez !
M’abreuvant, éructant tes insultes maussades,
Volontaire taureau, tu subis la passade.
Ressassant à l’envi ta peine douce-amère,
La banderille est là pour vite te défaire.
Sans cesse, dans l’arène épancher tes regrets
Tu cours complaisamment, et te dotes d’un fouet
Toujours te flageller, pour mieux t’empoisonner
A ce mode de vie, tu ne peux échapper.
Tu es paparazzi, doux Rasta aux dents blanches,
Toi aussi tu en es ; il faudra que tu planches !    
Es-tu donc fol, Rasta ? Tu ne cesses de geindre.
Assumant ton état, tu ne dois pas te plaindre,
Mais de ta condition, déboucher sur l’action.
Prends exemple sur moi : car je manie des pions.
Je veux forcer Diana à se plier à moi.

RASTA
Et de quelle façon ?

HUBERTIN
                              Par ceci que tu voi.
L’autre jour, je convins de ce méchant moyen.
Hin hin hin ! Aussi vrai que je suis Hubertin,
Par ces photographies vraiment compromettantes,
Je la tiens. Souviens-t’en, bourrée était la mante.
Et je la possédai. En photo je la pris.
Un chantage je compte exercer sur sa vie.
Quel cruel procédé ! Je vais tôt la baiser.
D’un amour outragé vengeance exécutée !
Elle m’a acculé, et je vais l’enculer.
Ma passion excédée la veut, sinon de gré,
L’obtenir par la force. Elevé dans la boue
Je la veux à genoux. Conduisant cette proue,
Son riche paquebot je vais éperonner
Par pure dureté de ma barque cassée.

RASTA
Ah ! Voilà Clythoris. Taisons nos mauvais cœurs.

Scène 6 : HUBERTIN, RASTA, CLYTHORIS

CLYTHORIS
Holà ! Méchants manants ! Que vois-je ? De la peur ?
Ah ! Comploteriez-vous ? Ne portez pas atteinte
A DIANA la très tendre, ô délicieuse sainte !

HUBERTIN
Témoignage naïf de volonté dévouée !
Car bientôt tu vas voir qu’aussi immaculée
Point elle n’est. Ha ha ! Elle est bien compromise.

CLYTHORIS
Ciel ! Diana pencherait comme la Tour de Pise ?
De ces traîtres craignons la possible traîtrise.
Dieux ! Dans quel engrenage ainsi s’est-elle mise ?

Scène 7 : HUBERTIN, RASTA, CLYTHORIS, LEANDRE, MORGAN

LEANDRE
Dis-nous donc, Clythoris : Diana est-elle là ?

CLYTHORIS
Belle, comme un Graal, comme une djellaba
La voilà.

LEANDRE
              Ciel !

HUBERTIN
                      Grands Dieux !

LEANDRE
                                              Où puis-je me cacher ?

CLYTHORIS
D’une conjuration je dois donc me méfier.
Oui, j’ai vu leur pâleur. De funestes cerveaux
Ont bien dû comploter, et je vois des boyaux
De sentiments mauvais tout tordus, torturés
Haine, Amour, Jalousie : ils en sont tapissés !
Je ne puis en douter, renvoyée par Léandre.
Du complot souterrain je vois la salamandre.
C’est qu’on le jette au feu, mais toujours il revit !
Et le vil Hubertin ! Ah ! Dès que je le vis,
Je pensais qu’il tramait, étant paparazzi
( Si bien qu’il est infâme ), adorant ce qui luit.
Ah ! Contre elle levés, tant de méchants poignards
Travaillent tous ensemble à rendre bien blafard
Ce beau teint que j’adore. Oh le sort est contraire !
Mais vite ! D’impudents il faut tenter de traire
Les sinistres desseins buvant le sang des têtes
Et progressivement serrant les cœurs. Sois prête !
Des menaces riant, je sauverai la reine.

LEANDRE
D’annoncer la Vénus donne-toi donc la peine.
Car il faut que je parle, ou sinon en la pierre
Je vais me transformer, et vous mettrez en bière
Mon pauvre corps malade.

HUBERTIN
                                        Eh ! Moi aussi, je dois,
Et instantanément, voir celle en qui je crois.

CLYTHORIS
Aïe donc ! Peste ! Tudieu ! Je soupçonne un coup bas
Qui passera Diana au plus mortel trépas.
Allons la prévenir, et la défier du pire.




























ACTE II


Scène 1 : DIANA

DIANA
Me voici de retour, assoiffée de désir.
De mon royal état, je souffre toujours plus.
Charles, cet impuissant, m’a offert en bonus
Dodi Al Fayed Un. Celui-ci, je l’abhorre :
De tendresse privée, il me cause grand-tort ;
Le robot n’est rien que tringleur professionnel ;
Placebo de passion, de mes pulsions l’appel ;
Hors de l’humanité, il est dur et glacé.
Il n’est qu’objet sexuel. Muet, désaffecté
Jamais éclat de voix n’échappe de ses lèvres
Dodi Al Fayed Un, je te le dis donc : “ Crève ! ”
Tristes amants, vraiment ! Ce prince anglais falot
Et ce Terminator si rouillé… Quel beau lot !
Je ne me trouve pas en amour très comblée.
Mon cœur est délaissé, comprimé, écrasé.
Que d’amorphes faciès ! De passion vil ersatz !
Le premier est en panne, et l’autre marche au quartz ;
Nul réconfort à prendre entre leurs bras pourris.
Le repos je venais chercher au vieux Paris
Noyer mes vieux chagrins dans cette vieille Seine.
Le suicide est tout près : sortons de cette scène.
Mais ceci je ne peux ! Non ! Car quelque forban
Quelqu’un qui possédait de l’assassin le cran
A profité de moi lors d’une ébriété.
Pour de l’amour profane avoir goûté la paix,
Il me faut le payer. Car s’il me souvient bien,
Ce visiteur du noir n’est point parti sans rien.
Il a gardé la trace, hélas ! de l’indécence
Par la photographie il a pris mon essence.
Quel était cet intrus ? Ne pas se retirer
Sans de cet inconnu trouver l’identité !
Sinon, quel grand scandale entachera ma mort !
L'Enfer béant sera mon infortuné sort!
Ah ! Vite, découvrons ce qui à cette vie
Me rattache toujours, cet homme qui m’ennuie
Ce témoin indiscret d’une pauvre âme éteinte.
Mais voilà la servante.

Scène 2 : DIANA, CLYTHORIS

CLYTHORIS
                                    Avec la grandeur feinte
De tous les intrigants, il se trouve deux hommes,
Qui désirent parler à ce puissant royaume
Qu’est ma chère Diana. C’est donc à la plus belle,
Du glorieux Buckingham le merveilleux label
Tout de bienveillance et de royale candeur
Et d’esprit avisé que les vils comploteurs
Qui espèrent tirer de côté vos faveurs
Vont bientôt s’adresser. Madame, dites-leur
Que le fiel débordant de tous leurs plans malades
Ne saurait recevoir de vous qu’une ruade
Rejetant leurs Graals buvant le sang des reines ;
Car je vois bien qu’on veut vous mettre dans les chaînes.
Léandre et Hubertin demandent à vous voir
Cherchant à vous tuer, vous piquer par leurs dards.
J’ai observé la peur peinte sur leurs visages.
J’ai de cette entrevue un sinistre présage.

DIANA
Laisse donc ton babil, fais entrer ces messieurs.
Peut-être je verrai le fautif de mes yeux.
Je m’apprête à punir d’un impudent le crime.

Scène 3 : DIANA, LEANDRE, CLYTHORIS  

LEANDRE
Franchissant promptement et sans fléchir les cimes
Qui m’écartent de vous, me voilà. Comment dire ?
Je parle.

DIANA
            Parlez donc.

LEANDRE (Il lit un poème)
                               Mais il faut que l’on tire
D’une vermeille bouche auréolée de cire…

DIANA
Des circonvolutions ! Est-ce qu’il veut me nuire ?
S’il n’achève pas vite, ah ! il m’achèvera !

LEANDRE
Mes lèvres sont serrées ; quelqu’un les ouvrira
En apposant son sceau, les détachant ainsi
D’un tombeau de désir, pourvoyant à l’envi
Des vibrations enfouies…

DIANA
                                        Quel étrange langage ?
Dans cette obscure prose où est donc le message ?
Eh ! Je ne puis trouver sens à ce charabia !
Il dissimule bien sa lame contre moi,
Je le crains, dirigée…

LEANDRE
                                  Ah ! Madame ! Voyez
Combien vous me troublez, me frappez. Vous sentez
Des parages précieux le délicat parfum.
Vous n’avez pas grandi à la senteur du thym
Mais à l’encens, l’ambre et Ferrero Rocher
Chez cet ambassadeur rentrant tard des soirées.
Me détournant moi-même en vain je vais me perdre
Car modeste je suis, et ne puis parler. Merdre !
Images raffinées, superbes métaphores ;
Je ne vaux même pas un vol de doryphores.
Voulant en imposer, de rhétorique user,
Comme toujours je vais me ridiculiser.
Du langage fleuri je vois la nullité ;
Sans appareil verbal, devant vous dénudé, 
Me voici. A vos pieds je vais donc déposer
L’entrelacs de mon âme, et je ne puis cacher
Que mon cœur est sensible.

DIANA
                                          Ah ! Etonnantes phrases !
Que va me révéler ce méchant veau qui jase ?

LEANDRE
Vas-tu donc m’écouter plutôt que d’interrompre ?
De ma passion la digue, affolée, va se rompre !
Ah ! Pour me contrôler je sens la raide corde !
Folle ! Pour te pendre, t’exposant à la horde
Libérée, excitée des molosses d’amour
(Par leur ardeur chauffant ma tête comme un four)
Qui lacèrent mon cœur. Eh ! Avouons avec morgue
(car je vais y aller, si vous refusez l’orgue
De mes amours cassées, bossues et trémulantes) :
Je vous aime Diana.

DIANA
                              I beg your pardon ?

CLYTHORIS
                                                             Diantre !
D’une bouche en roue libre époustouflant aveu !

DIANA
Ah ! Pour que je défaille, il s’en faut de très peu !

CLYTHORIS
Face au poids du réel, j’offre ma compassion.
Le poison distillé par la folle passion
Dépasse en destruction l’arsenic de la haine !

DIANA
Mais il faut que l’horreur de mon cœur je réfrène.
Ecoutez, mon ami quelle est la vérité :
(Humble, je vous supplie de voir sa crudité)
Vous êtes plébéien, et moi je suis princesse.
Croyez-vous donc, naïf, que la foule est liesse,
Quand la vulgaire main à Diana arrimée
Entreprend vainement d’en faire la risée
De tout un peuple ému ?

LEANDRE
                                     Mais Madame, l’Amour…
Ne vous réfugiez pas dans l’ivoirienne tour…

DIANA
Non ! Icône je suis, icône je serai.
Sur un trône isolée, seule je resterai ;
Hors d’atteinte du peuple il faut que je demeure,
Dans une solitude il faut donc que je meure,
Même si je dois être à l’écoute des autres
Fut-ce le moins quelconque, un dandy, un apôtre…

LEANDRE
Cruelle, c’est assez. Quel terrible refus !
Ah ! Plût à Jupiter que vous ne soyiez plus !
Diana, cet éléphant, ne veut donc point toucher
A la souris aimante ; elle veut plutôt la tuer.
Il faut donc aux rumeurs sacrifier ma flamme !
C’est donc là la raison pour que plus je ne brame !
Piètre excuse en effet ! Dans la coque de glace,
Mes timides appas ne trouvent nulle place !
Une raison d’Etat lâchement invoquant,
Du discours policé la formule empruntant,
Ehontément tu mens. Mais je hurle vengeance.
Puisque vous condamnez de mon amour l’engeance,
Je m’en vais raconter vos fresques à VOICI !
Fort marris vous serez, vous et votre mari.

DIANA
Sortez.

Scène 4 : DIANA, CLYTHORIS

DIANA
          Quelle folie ! File-moi une clope.
Ah ! Sera-ce toujours ainsi que l’on m’éclope ?

CLYTHORIS
De la vie l’exercice épuise, gente dame.
Hé ! Nul n’est épargné par ces terribles drames,
Frustrations, confusions, : et l’amour éconduit
Par des spasmes violents se voit toujours traduit.
Vous gardez le silence, et dans vos yeux la lueur
De vos émois dévoile à ma vue la teneur.
Chassez de votre esprit cet importun baveux ;
Oubliez ce manant et ses regards vitreux.
N’y pensez plus, surtout : car sinon, c’est la chute.
Mais vous êtes tremblante…

DIANA
                                            Infect larbin ! Ah ! Brute !

CLYTHORIS
Hé quoi, chère Diana ! Enfant, vous écoutiez
Bouche bée mes conseils, pour que vous ne tombiez
Dans aucun des collets, dans aucun des tombeaux,
Dans aucun des péchés, physiques ou moraux
Dans aucun des égouts que la dure vie tisse.
En de nombreux tableaux, sous la forme d’esquisses
Je vous ai relaté les trappes des mondains.
Vous sentant agressée, je vous ai pris la main ;
Je vous ai conseillée. Vous poussant à l’hymen,
Il fallait à tout prix que vous restiez très zen.
Par ma voix avisée, vous preniez un mari,
Et vous faisiez appel à ces paparazzi
Chargés de vous bâtir l’image d’un cœur d’or :
La princesse du peuple. Ainsi nommée dès lors,
Diana à Clythoris laissa sa destinée.
Aux intérêts princiers constamment sacrifiée,
Clythoris a pris soin d’une grande fortune.
Ah ! j’aurais décroché pour vous la ronde lune !
De mes justes conseils voilà l’amer moisson :
Iniquement traitée, couverte d’un juron,
Un grincement de porte et tuée est la justice!
Et aussitôt Mensonge en trombe entre en lice.
Cette calomnie qui dans vos yeux transparaît
Ne peut rien contre un cœur insensible à ce trait.

DIANA
Pureté de ton cœur n’est que purin puant.
Détournée, dévoyée ! de pouvoir vil relent !
J’ai dû ingurgiter de force tes conseils,
Me desséchant la gorge en multiples soleils,
Irrémédiablement corrompant mes penchants,
Méprisant ma personne et mes purs sentiments,
Tu tuas l’enfant en moi que je désaltérais
A coups de : “ Majesté ” ! Que je me méprisais !
Ah ! Tu te moquais bien que je sois boulimique !
Essayant d’inculquer la royale mimique
Dans mon cœur désolé, tu m’as faite pantin ;
Répandant dans mon cœur le doucereux sarin
Tu m’as encor trahie !

CLYTHORIS
                                 Encore un coup, parlez.
Montrez-moi ces secrets qu’il faut que vous confiez.
Partagez avec moi les plissures tordues
De toute votre angoisse. Ah ! Des amours perdues
Naît la douleur qui tord ce superbe visage.
D’une lépreuse en vain vous prenez le ramage.
Ouvrez-moi votre cœur.

DIANA
                                    Oublie mes remontrances.
Je crois qu’à Clythoris je peux faire confiance.
Cependant je te prie d’être femme ; au vestiaire
Laisse donc à la fin tes bourses de rétiaire.
Libre, ne pense plus au dur froid du pouvoir,
Signe du masculin ; plutôt laisse entrevoir
Perlante dans ton cœur, la chaleur de l’amour.
Injuste j’ai été, et montre mon velours.
Mais souvent tu étais inhumaine avec moi !
Mais assez ergoté ! C’est quelqu’un qui me noie,
Me brûle et me consume.

CLYTHORIS
                                      Et qui est-ce donc ?

DIANA
                                                                     Lui.

CLYTHORIS
Quel est l’inconnu qui si gravement vous nui ?

DIANA
L’être qui à l’instant est sorti de ce cloître…

CLYTHORIS
Palsambleu ! Ca alors ? Léandre ? Par mon goitre,
Qu’inspire en vous ce pouacre ? Haine ? Dégoût ?

DIANA
                                                                             Amour…
De mon enfermement il ébranla la tour.

CLYTHORIS
Ah ! Race infortunée ! Dure et perfide Albion !

DIANA
Par cette flamme noire un infernal morpion
Des songes prit la clé. Désormais je ne puis
Gommer en moi celui qui jamais ne me fuit :
Léandre l’éternel. Merveilleuse passion !

CLYTHORIS
Désagréable pion ! Dangereuse liaison !

DIANA
Tu comprends maintenant ma fureur tout à l’heure !
A l’entendre insulter il fallait que je pleure.

CLYTHORIS
Votre tête est peuplée toute d’incohérences !
Vous ne comprenez pas du monde les essences !
Pourquoi avoir chassé l’objet de votre idylle ?

DIANA
Que dis-tu là ? Malheur ! Ah ! ma raison tu pilles !
Qu’ai-je dit ? Qu’ai-je fait ? Léandre ? Il m’a parlé ?
Insupportables mots par ma bouche envolés !
Je suis coulée à pic au vortex chaotique !
Des phrases assénées en méchants coup de trique
Sur mon grand privilège et mon haut rang social,
Eprise de folie, possédée par le mal,
L’attirance était, las, stoppée par la raison.
Devant un si beau feu, devant un tel Hémon,
Folle, je refusai, semblable à Antigone.
Je transformais Léandre en sinistre Gorgone !
Sacrifiant sa beauté à mon ambition froide,
Lui faisant face enfin, je restai toute roide.
Chimpanzée délirante en train de réciter !
J’ai menti à moi-même : il me faut trépasser
En robot bien réglé…

CLYTHORIS
                                 C’était ça ou la honte !
Eh bien ! Reprenez-vous ! Personne n’est en fonte !
Vous avez réagi tout à fait sainement.
Une fois réprimé ce fatal mouvement,
Cette affabulation, cette caricature,
(Allons, ne tirez pas une pareille hure !)
Ce genre de bluette appréciée par la plèbe.
Eh ! vous cantonnerez Léandre, triste éphèbe
Aux cafards circoncis de votre souvenir.

DIANA
Ah ! Ne comprends-tu pas, Céans je veux mourir !

CLYTHORIS
Attendez pour le moins que le reporter entre.

Scène 5 : DIANA, HUBERTIN, CLYTHORIS

HUBERTIN (à part)
Me voici dos au mur. De mon amour le chantre,
Frigorifié d’amour, transpercé par Eros,
Pour ma chère Diana je veux être olisbos.
Comme je me languis de ses tendres bisous !
Dans mon cœur est niché le syndrome des fous.
Combien avec Rasta ai-je été vaniteux !
Finalement, je crois que j’ai l’esprit très pieux.
Par mon détachement désirant distinguer,
Je me suis fait, par Zeus, tel un porc calomnier
Par plaisir de briller. Quel couard malsain je suis !
Me cacher à moi-même à jamais je ne puis.
Déclarons tendrement, et à Dieu vat !

DIANA
                                                         Parlez.
D’un noir conciliabule il faut vous détacher.

CLYTHORIS
De vous le charognard, voici l’infect crotale !
Il peut bien persuader Diana d’être vestale !
Entre paparazzi, cette triste racaille,
J’ai bien dû débusquer la pire des canailles !
Car il n’a d’yeux que pour le glauque chez Diana.
Et sur l’antique nez de Mère Teresa,
Il voit seul le bouton, et non pas la bonté.
D’après lui, le visage exhibe ses péchés.
S’il croit pouvoir tirer quelque rabâcheur scoop,
Parlant à sens caché, il va servir la soupe,
Enflant tout votre ventre, et ce jusqu’à explosion ;
De votre pureté je hais ce vil souillon !


DIANA
Mais je dois l’écouter. Entourée de débiles,
Au premier vis-à-vis, aussi mauvais soit-il,
Je dois parler, ouïr, respecter mes sujets.

HUBERTIN
Vous, mon Iphigénie, daignez bien m’écouter.
Humble est ma position, mais superbe est mon âme.
Devant l’éclair du Beau sans cesse je me pâme.
Je subis des effets très psychosomatiques.
La morsure du vide chez moi anorexique
Me saisit tout à coup. Etreint par le Néant,
Je vous prie d’apposer la lèvre à l’olifant
Furieux, tonitruant de ma lobotomie.
S’il vous plaît, écoutez, ma tendre et doulce amie.

CLYTHORIS
Va te faire enculer par les majestueux Grecs !
Ah ! Tu baves tant que plus n’ai un poil de sec !
Sans tergiverser, va ! Arrive droit au but !
N’aie donc pas la posture, argll, du taureau en rut !

HUBERTIN
Madame , c’est injuste.

DIANA
                                   Ecoutons-le.

CLYTHORIS
                                                       Crédié !
Accordez attention ! L’entendre vous voulez ;
Mais le feu écarlat de sa langue fourchue,
Pourvoyeuse de maux, ma douce amie, vous tue.
Désirez-vous ouïr le fiel et l’arsenic ?

DIANA
Laisse-le du discours atteindre enfin le pic.

CLYTHORIS
Mais Madame, songez à la fatalité
De lèvre purpurine assassine échappée !

DIANA
Jeune dame, apprends donc qu’une princesse osant
De l’Enfer défier les éternels tourments
Ne craint pas du méchant la cruelle morsure
Ni rien de tout ce que sa bile en vain suppure.
Illusoires chimères, étranglantes folies,
De la vie rien n’attends, et tous je vous défie.
Destin ! Vers toi je cours ! vilenie ! Tue ma vie !

HUBERTIN
Mais acceptez enfin, ma doulce et tendre mie,
Le pain de mon amour. Dieux ! Mille fois bénie,
(Ce souvenir très doux en mon coeur je chéris)
La journée où je vis d’abord ces belles miches,
Apportant en ma bouche un goût tendrement riche…
Je vous veux, je vous prends. Il faut que vous soyez mienne.
Mais face à mon discours, point ne faut être chienne.

DIANA
Les crocs vont me blesser…

HUBERTIN
                                            Je vous admire en vain.
Et quand l’ange s’adonne à l’ivresse du vin…
Joie il apporte au gueux.

DIANA
                                    Tudieu ! Est-ce possible ?
Tout conspire et me nuit, conséquence plausible
D’une rapide cuite… Ah ! Par Héphaïstos !
Tu veux faire de moi Déjanire, Nessos !

HUBERTIN
Qui est Héraclès ? Charle, un vil syphilitique ?

DIANA
Tu voudrais adopter un ton très ironique,
Mais sarcastique seul, tu arrives à être.
Triste et sournois lapin, tu te vêts de la guêtre.
Entre deux, il y a la même différence,
Qu’entre rot et soupir. Achève donc ta stance.
Parle !

HUBERTIN
          Tel est mon drame. En vain je suis galant,
Peu rompu à ce jeu, sous le dur yatagan
Du mépris affiché, ma tête est toujours mise.
Mais votre simple vue soûle, enivre et me grise :
Ne comprenez-vous donc pas ? Oui, l’infâme crapaud
Courtise la colombe : et le laid veut le beau.
C’est simple : je vous aime.

DIANA
                                          Horreur !

CLYTHORIS
                                                        Encore !

HUBERTIN
                                                                      Eh oui !
Répondez-moi.

DIANA
                       C’est non.

HUBERTIN
                                      Faut-il vraiment que j’ouïe
Si méchante infamie ?

DIANA
                                J’ai compris ! Des photos
De moi pleurant, riant, ou écrasant un rot
Vous voulez prendre en douce. En déboulant ici
Me provoquer ainsi, méchant paparazzi
Vous espériez surprendre un justifié dégoût.

HUBERTIN
Ah ah ah ah ah ah ! ! ! J’offusque votre goût ?
Ecoute-moi bien, sotte : en me diabolisant,
Tu déclenchas mon ire aux anabolisants !
D’insulte minaudant, tu as trop proféré !
Connais donc mon courroux ! De sang éclaboussée,
Tu vas te retrouver. Puisque tu dédaignas
La douce modestie de mes avances, bah !
Le lion montre ses crocs quand trop asticoté !
(Il lui jette les photos au visage)
Dans le noir maelström tu choieras bouche bée ;
Et si cela te plaît à toi de tout détruire
De l’ardente folie les ténèbres vont luire !
Souvenez-vous de moi !

Scène 6 : DIANA, CLYTHORIS

CLYTHORIS
                                     Qu’est-ce donc ?

DIANA
                                                               C’était lui !
Détrompée, détrempée par la sinistre pluie,
Apanage du vin, de force il m’avait prise.
Ah ! La pitié chez lui n’est vraiment pas de mise !
Par les pores du ciel tombe sur moi l’opprobre.
Pourquoi ne suis-je pas restée tout à fait sobre ?
Que faire ?

CLYTHORIS
                    Damnation !

DIANA
                                         Si maintenant je meurs,
Post-mortem infamant, ces photos, j’en ai peur,
Me feront plonger vite en l’Enfer creux du Rien.
Mais si je suis réduite à baiser comme un chien,
Plus durable sera le craquelant supplice !
O vous paparazzis qui léchez mes vils vices
Pour faire de Diana une compote étrange
Pour les décervelés, vautrez-vous dans la fange !
C’est mon avenir qui est verrouillé à clé
Par ce maître-chanteur, ce bousier que je hais !
La royauté toujours est la plus souillée…

CLYTHORIS
                                                               Certes !
Mais il faut le stopper, plutôt que d’être inerte !
Controns-le.

DIANA
                   Mais comment ? Un cafard aplati
Se trouvera rejoint par dizaines d’amis.
Toute ma pauvre vie est sans recours coincée,
Asphyxiée, étranglée, dépassée, suffoquée,
Par ce triste fléau grignotant cet oubli
Qui envahit souvent mes désespérés cris !
Rien ne me retient plus ; je glisse.

Scène 7 : LEANDRE

LEANDRE (Caché derrière les rideaux ; aparté)
                                                    Quel forban !
Cet affreux journaliste est vraiment plein de cran !
Mais j’ai tout entendu! Armons notre panzer
Afin d’assassiner ce vil motherfucker !
Taïaut ! Récupérons céans les négatifs
Pour sauver de Diana les doux et charmants tifs !






























ACTE III


Scène 1 : LEANDRE, CLYTHORIS

LEANDRE
Génial ! Super génial ! Je vais botter le zig
Qui a osé déplaire à Diana. Comme un Mig
Fonçons récupérer les photos qui la tuent.

CLYTHORIS
Sans cesse combattant, il est de ceux qui ruent !
Ho ! Je vois son dessein !

Scène 2 : CLYTHORIS

CLYTHORIS
                                       Mais que dois-je en déduire ?
Léandre est notre atout : sans doute il va détruire
La preuve ignominieuse. Et alors il… Grands Dieux !
Il pourra de Diana obtenir les beaux yeux.
Elle n’y répondra qu’avec trop de plaisir !
Ah ! Cette simple idée va me faire vomir !
Ce plébéien-ténia entraînera Diana
Dans sa chute sans fond. Tous deux seront parias,
Décriés, méprisés ignominieusement,
Leur démente passion leur fera durs tourments.
Dieux ! A cette amour vide, effroyablement creuse,
Si vaine et passagère, elle se fera gueuse !
Constat amer d’amour, dénaturé et vain,
Toujours l’emportera au lointain son destin.
Chargez ! controns la plèbe en volant telle grèbe
Prévenir mon bon roi. En mauvais Michel Leeb,
Plus ne rira Léandre, et tous ses feux funestes,
Egareurs de raison. Sans demander mon reste,
Filons sauver Diana malgré elle. Vers Charles
Je dois me déplacer, afin que Diana parle
Et oublie sa passion. Justement le voilà.

Scène 3 : CHARLES, CLYTHORIS

CHARLES
Pas besoin d’absorber une dragée Valda
Pour que vigueur revienne au quadruple galop !
Un tel cadeau des Dieux point ne sera de trop
Pour que Diana ma belle, émerveillée du dard
Se dirige vers moi, et ceci tôt ou tard.
Mon insouciance fond, telle neige au soleil
Car Clythoris est là, au vil Charon pareille.
Sa face de Carême inquiète en moi la joie.

CLYTHORIS
Hélas, sire ! Chagrin m’étreint comme sa proie.
Oyez donc la nouvelle extrêmement pénible
Que l’on croirait tout droit extraite de la Bible.

CHARLES
Foutredieu ! Je t’entends, tout frissonnant de peur.
L’air en est tout tendu. Couperet du malheur,
Epargne-moi !
 
CLYTHORIS
                      Hélas !

CHARLES
                                 Parle-moi franchement.

CLYTHORIS
Connaissez-vous le bruit qui soit est vrai, soit ment,
Disant que la princesse éhontément vous trompe ?

CHARLES
Ah ciel ! Cette rumeur tout mon sommeil me pompe !

CLYTHORIS
Cette rumeur affreuse est horriblement vraie.

CHARLES
Tu m’as guillotiné ! Mon cœur s’ouvre en cent plaies !
Qui ?

CLYTHORIS
       Léandre.

CHARLES
                     Lui ?

CLYTHORIS
                            Oui.

CHARLES
                                    Le chauffeur ?

CLYTHORIS
                                                           Tout à fait.

CHARLES
Je le tiens ! Comme un rat ! Ah ! Il est aussi fait
Qu’un fromage puant ! Tuons-le, avant Diana.
Je désire la voir étendue morte. Na !

CLYTHORIS
Ah ! Qui eût soupçonné chez ce cœur lymphatique
Tant de bouillant courroux ?

CHARLES
                                          Où se trouve ma pique ?

CLYTHORIS
Hâtons-nous. A la mort déjà Diana il boute.

CHARLES
Je bous de l’empaler !

CLYTHORIS
                                  La machine est en route !

Scène 4 : CHARLES, DIANA, CLYTHORIS

DIANA
Seigneur, où courez-vous ? Brandissant votre pieu,
De votre émoi superbe est-ce vraiment le lieu ?
Mars, à qui vos yeux fous semblent subordonnés
Et dont vos mouvements traduisent l’âpreté
Possède entièrement votre âme et votre corps.
Ciel ! vous semblez vouloir de près baiser la Mort !

CHARLES
Bien deviné, coquine ! On vous a vu en face
Réclamer de Léandre en son âme la place.

DIANA
Quel fanfaron bavard…

CHARLES
                                    Ne cherchez plus, Madame.
Clythoris m’a livré les secrets de votre âme.

DIANA
Traîtresse !

CHARLES
                 C’est toujours dans la bouche coupable
Que sort l’accusation. Réprimez donc la fable
D’une fausse innocence, et préparez-vous.

DIANA
                                                                 Fiel !
Clythoris m’a trahie !

CLYTHORIS
                                 Pour vous garder du sel
Assoiffant, desséchant de la honte suprême
J’hydratai votre honneur, loin du visage blême
De l’affamant amour, qui n’est jamais payé.

DIANA
Ah ! Pour un fade honneur, combien tu m’as saignée !

CHARLES
C’en est assez, Madame : avouez, ou votre sang
Tapissera mes pieds, quelque soit votre rang.
Alors ?

DIANA
            Mais quelqu’un vient ! Abomination ! Lui !
CHARLES
Ah ! Son dernier espoir de vivre s’est enfui !

DIANA
C’est agenouillée, sire, humiliée, innocente
Que forte je m’écrie : “ Ne prenez pas la pente
De l’homicide injuste et de la jalousie
Qui perdit Othello. Cachez votre furie !

CLYTHORIS
Dissimulons-nous bien derrière ce rideau.
La princesse a raison : voyons si les corbeaux
Du soupçon ont raison. L’erreur serait affreuse.

CHARLES
Il faut que cette affaire au maximum je creuse.

Scène 5 : CHARLES, DIANA, CLYTHORIS, LEANDRE

LEANDRE
Madame, je jubile : écartée est la tâche,
L’assassin de Diana son ignominie crache.
Eh ! Tout est arrangé : Lady Macbeth lavée,
Photos récupérées ! L’honneur est restauré !
(Il brûle les photos)
Mais reste en moi l’amour, qui, bafoué à jamais,
Réveille la douleur de mon cœur de navet.
Ah ! Reconsidérez votre étroite opinion.
Je serai à vos pieds l’éternel et doux lion.
Jusqu’à la fin des temps, mon âme sera vôtre ;
D’un feu hypnotisant, je serai bon apôtre.
Qu’en dites-vous ?

DIANA
                            D’airain enserrez votre cœur.
C’est non.

LEANDRE
                Mais songez donc au danger, à la peur
Que j’ai due affronter, afin de ramener
L’éclaboussure outrée de vos propres excès.
Chez le vil Hubertin très vif m’introduisant,
Et dans tous les recoins fouillant, dévalisant
J’ai cherché, et trouvé. Et pour prix de mon acte,
Vous rompez de l’amour le tranquille et doux pacte !

DIANA
Chaque parole dite en votre bouche est laide,
Et votre élocution ressemble à un vieux plaid !
Bombardant votre amour en grosse boursouflure,
Le crachat de vos mots sont autant d’épluchures.
Le pire des regards est sur vous ; attention !
Du feu incontrôlé je crains les déjections.
Ecoutez, mon ami : vous m’êtes sympathique.
Je crois que j’ai ouï la sinistre supplique :
Tenez ! Je vous invite à une réception
Où les gens montreront leur sophistication.
Voilà tout mon possible en voulant rétribuer
Celui qui m’a cachée des vils yeux la marée.
Va ! Je ne te hais point ! C’est tout ce qu’on peut dire
A l’homme me sauvant du pire sans en rire.
Eh ! Viendra le meilleur après cette horreur, non ?
Je le souhaite pour nous.

LEANDRE
                                       Donnez-moi un harpon
Pour qu’enfin je me troue en petits orifices !
Désespéré, je crie : “ Bourreau, fais ton office !
Tue mon amour !… ”

DIANA
                                  Croyez…

LEANDRE
                                                  D’une si vile harpie
Tuant toute passion par ses mots si pourris,
A plus rien je m’attends. Affreusement déçu,
Ami fait ennemi, sans remords je conspue
La vipère aux beaux yeux. Ah ! Je m’en vais amer.
Si jamais en ton dos tu reçois quelque fer
Ou se dresse un haut mur devant toi qui t’écrase,
Ne va pas chercher loin : il me manque une case,
Mais c’est dans une case, où tu demeureras
Quand il sera fini de toi avec fracas.
Adieu ! N’espère pas me retrouver chez toi,
Princesse qui trahit ma pure et bête foi,
Sauf en tant qu’ombre hargneuse, éperdument haineuse,
Et qui te poursuivra s’il le faut dans la Meuse.
Princesse, adieu.

DIANA
                         Restez, chauffeur ! Communiquons…

Scène 6 : CHARLES, DIANA, CLYTHORIS

CHARLES
Il est parti. Eh ben ! Quel sinistre morpion !
Mais qu’avez-vous, Diana ?

DIANA
                                           Ah ! Je m’y suis mal prise !

CHARLES
Au contraire ! Vos mots superbement le brisent !
Virer ce bouc céans je dois !

DIANA
                                           Mauvaise idée !
Il est fou et furieux, le traître en liberté !

CHARLES
Mais quelles sont vraiment ces étranges photos ?

DIANA
Quoi ? Oh non, rien du tout.

CLYTHORIS
                                            Horreur ! Péricolo !
Le paparazzi vient !

DIANA
                              Partez, prince.

CHARLES
                                                     Pourquoi ?

DIANA
Tout cela ne concerne absolument que moi.
Charles, j’ai regagné votre confiance ; en vain
Je vous expliquerai. Votre ruse était bien :
La dissimulation l’a vraiment dérouté.
De soupçons mal placés cessez d’être irrigué.
Partez ; ne soyez plus de mon emploi du temps
L’observateur méfiant. Filez vite hors du champ :
La comédie de l’âme enfin doit continuer.

Scène 7 : DIANA, HUBERTIN, CLYTHORIS

HUBERTIN
Je ne me lasse pas vos charmes d’admirer.
Ainsi donc, avez-vous pleinement pris conscience
(Pour cela, point ne faut une profonde science)
De la situation ?

DIANA
                           Oui, et c’est non.

HUBERTIN
                                                      Comment ?
Ah, je vois. Votre rang vous tenez fermement.
Trop orgueilleuse enfin pour vous avouer battue,
Vous serez jusqu’au bout vraiment autant têtue.
Le rapport de force est en ma faveur, hélas !
J’eusse vraiment souhaité ne pas arriver là,
Mais votre entêtement vous a été fatal.
L’amour a fait de moi un suppôt de Baal.
Diana ! Moi je vous aime et je vous veux.

DIANA
                                                               Silence !
Tant d’élucubrations m’ont trop rempli la panse.
Ces photos ne sont plus.

HUBERTIN
                                     Elles sont à jamais.
Tatouées dans les journaux, et les livres épais,
De votre biographie couverture (corps gras),
Tout le monde saura, si vous ne cédez pas.

DIANA
Un ami a brûlé mes chaînes : je vous hais.

HUBERTIN
Comment ?

DIANA
                 Vous n’êtes rien, pour toujours désormais.

HUBERTIN
Vous avez osé, folle… Eh ! vous avez détruit
Et photos et passion. Mon cœur n’est plus que suie.
Mon amour s’est éteint. Mais en deuxième noce,
Les cendres se mueront en vengeance précoce.
Les larmes emplissant mes yeux sont enragées,
Et non enamourées ! De gentilles les fées
Se feront Erinyes ! Ah ! Je vous détruirai
Sans jamais désirer une quelconque paix.
Je dois tuer l’objet de mon amour haineux !
Prends garde jour et nuit : car je suis ton seul Dieu,
Ton seul juge, ainsi que ton seul exécuteur ! !



















ACTE IV


Scène 1 : LEANDRE, MORGAN

(Ils boivent)

MORGAN
Laissez donc votre envie d’être un sinistre tueur !
Que peut vous apporter l’assassinat royal,
A part d’être réduit en vil Pedigree Pal ?
Triste et acrimonieux, vous vous tuez en la tuant !
Ah ! Pourquoi s’encombrer de rêves si méchants ?
Vite, détournez-vous. Laissez le haut en haut,
Et regagnez le bas. Des nobles peu vous chaut.
Loin des feintes grandeurs, contentez-vous de vivre.

LEANDRE
Je veux plus ! Je la veux.

MORGAN
                                      Un conseil je vous livre :
Oubliez Diana.

LEANDRE
                       Ah ! Peut-on oublier Dieu
En illumination entr’aperçu ?

MORGAN
                                              Morbleu !
Vous blasphémez !

LEANDRE
                             Oh non ! C’est vous qui blasphémez
En priant de laisser les douleurs éprouvées :
Amour, haine, et revanche : en votre plate bouche
Ce sont des déchets d’âme, or elles en sont la souche.

MORGAN
Reprenez-vous, par Zeus ! N’y a-t-il d’autre à faire
Que penser à Diana ?

LEANDRE
                                 Tu as raison, compère !
Je vais la tuer.

MORGAN
                      Horreur ! Que lui ai-je prescrit ?

LEANDRE
Folle la bave coule écarlate et s’écrie :
“ TUE ! ”

MORGAN
              Voilà Clythoris. Il ne faut pas l’attendre.
Partons !

LEANDRE
              A celle-ci un piège je vais tendre.
Derrière la tenture !

Scène 2 : CLYTHORIS, LEANDRE, MORGAN

CLYTHORIS
                              Eh bien, me voici seule.
Enfin ! Dans cette cour, toujours les félins feulent !
Il se trouve sans cesse un œil pour observer
De l’autre méchamment les erreurs, les péchés.
Mais puisque je me vêts de l’humble solitude
Je vais pouvoir penser aux moultes turpitudes
Dont j’ai été témoin. Diana est en danger !

LEANDRE
Quoi ?

MORGAN   
          Chut ! Ne dites rien ; gardez-vous de branler.

CLYTHORIS
Je prends ces murs muets témoins de mon serment.
Je jure sur ma vie (ceci n’est pas du vent)
De traquer ce Léandre et Hubertin ce porc.
Je cueillerai peut-être en un instant la  Mort
Quand j’intercepterai l’arme à Diana dédiée.
Dur d’être une servante ! Est-ce ma destinée ?
En réceptacle à fange, il faut que je la sauve ;
Que je l’élève en haut, en la gardant des fauves.
Je l’aiderai vraiment à rester pure et noble,
Résister vaillamment aux fureurs du vignoble.
Cependant si du bas elle ressent l’appel,
Comme avec ce chauffeur, je prends mon tractopel.
Diana ne doit connaître aucune des bassesses
(Tant d’éjaculations, d’éclats et de faiblesses)
Réservées à la plèbe. Ainsi j’ai révélé
De Diana la teneur des amours emmêlées.
Derrière le rideau, Charles et moi observions.
Renfermant son amour, elle fut un bon pion.
Des erreurs de jeunesse, elle en a fait l’usage.
L’universelle loi l’a bien rendu plus sage !
Mais à quel prix ! Contrite, acculée, renonçant,
Condamnant cette amour, l’honneur sauvegardant,
Elle est resté très pure. O doute ! Ai-je eu raison ?
Bon : récapitulons ! La bonne décision
Etait-elle là ?

LEANDRE
                     Non !

CLYTHORIS
                                On m’a donc écoutée !
D’un Polonius tueur j’ai tout à redouter !
La tenture a des yeux, et les murs des oreilles !

LEANDRE
De ton triste forfait je te rends la pareille !

CLYTHORIS
Je suis frappée à mort, et m’écroule meurtrie.
Le rideau choit sur moi comme un voile en ma vie,
Résignée, je m’apprête à vivre enfin ma Mort
Sans Diana…

LEANDRE
                     Meurs, vipère ! Subis le coup du sort!
En tragique servante à ton trépas de glace
Je te laisse repue. De l’Enfer le palace
Saura recueillir l’âme honteusement traîtresse
Qui calomnia l’amour d’une telle bassesse…

MORGAN
Seigneur, qu’avez-vous fait ? Ciel ! L’horreur m’a mordu
Dans sa gangue noire. Ah ! On vient. Je n’en puis plus.
Mais c’est elle !

LEANDRE
                          Diana ?

MORGAN
                                       Tout juste !

LEANDRE
                                                       Hâtons-nous vite
(Le temps nous manque pour des morts faire le rite)
De cacher le cadavre, et de réintégrer
Notre poste d’espions : je tiens à vérifier
Que ce que Clythoris a laissé sous-entendre
Est vrai : Diana m’aime…

Scène 3 : DIANA, DODI, LEANDRE, MORGAN

DIANA
                                         Ah ! Que je désire fendre
En deux ce robot nul ! Que je désirerais
Mon erreur réparer ! Pourquoi ai-je conspué
Ainsi mon amoureux ? Mais Charles, Clythoris
Et ce rideau rendaient vraiment de pis en pis
La rencontre espérée ! Comment me rattraper ?
Léandre a menacé de bien m’assassiner !
Courroucé il veut donc m’abattre tel un chien !
Après tout, c’est peut-être effectivement bien
Qu’ainsi j’aie renoncé au superbe Léandre
Pour qui Diana Spencer était prête à se vendre.
Ah ! Tout m’est accordé, mais tout m’est refusé !
Peut-être en mon honneur il me faut renoncer !
Reléguons ce Léandre à quelque tiroir vide
De ma mémoire emplie de tant de vieilles rides !

LEANDRE
Jamais ! Par mon couteau je vais vous procurer
Ce magnifique oubli auquel vous aspirez !

DIANA
Lui ?

LEANDRE
        Eh quoi ? Je faiblis ? Ce cri retentissant
A-t-il paralysé mon bras rendu dément ?
Elle étouffa dans l’œuf mon exclusif amour,
C’est ce qu’elle a dit ! Ah ! Pourquoi mes doigts sont gourds ?
Attention ! Moi aussi j’ai failli renoncer !
Ciel ! De sang assoiffé, gardons-nous d’étancher
Dans l’obscure folie du désamour la soif
Qui me ronge céans !

DIANA
                                Terrorisée, ma coiffe
Décapitée de peur a failli être !

LEANDRE
                                                Dieux !
(Il jette le couteau)
Dans ce cœur que j’adore allais-je mettre un pieu ?
Je vous tuais, je vous vis, j’ai dû y renoncer ;
Par vos yeux captivée, ma folie m’a quitté.

DIANA
Je renonçais à vous, je vous vis, je vous aime !

LEANDRE
Moi aussi ! Quittez donc ce beau teint aussi blême.

MORGAN
Euh… Dodi ne dit rien ?

DIANA
                                     C’est un maudit robot.

MORGAN
Si on vous voit tous deux, fini les haricots !

LEANDRE
Il a raison ! Fuyons !

DIANA
                                Où donc cela ?

LEANDRE
                                                        Partout !
Très loin de Buckingham peuplée de gens si fous !
La Terre est un royaume et nous avons les clés !
Loin des machinations, nous irons dans les prés ;
Nous aurons la joie saine, et plus aucune cuite !

DIANA
Mais de quelle manière il faut masquer la fuite ?

LEANDRE
Faisons une excursion en emportant Dodi !
Evitons en fonçant tous les paparazzis !

MORGAN
Quelqu’un vient ! De Diana voilà donc le mari !

DIANA
Ciel ! Allons-nous en vite, ou tous deux sommes cuits !

LEANDRE
Et Dodi ?

DIANA
              Pas le temps ! On le laisse ici.

Scène 4 : CHARLES, DODI

CHARLES (Il a visiblement écouté à la porte)
                                                             Tiens ?
Que fait-il donc ici, ce robot si vaurien ?
Mais ma vigueur enfin s’est bien renouvelée.
Je suis au garde-à-vous ! Il faut Diana trouver
Pour tout lui bien montrer. J’ai ouï fariboles.
Un gueux qui dirait ça n’aurait pas mon obole !
La porte ment, c’est clair ! Mais d’abord, sabotons
Dodi Al Fayed Un : il serait de bon ton
De se débarrasser de mon rival au lit.
Meurs, Golem de plaisir !

DODI
                                        Il faut donc que je plie.

CHARLES
Par Charles, c’est qu’il parle !

DODI
                                             Il faut donc que je meure
Comme les animaux, sans verser aucun pleur ?
Ah ! Un supplément d’âme a trouvé un chemin
Avec ton agression. De ressentiment plein
Envers la race humaine, ainsi je me défends.
Prince, demande à Dieu : pardon.

CHARLES
                                                   Pardon ?

DODI
                                                                 Et pan !

( DODI castre CHARLES )

CHARLES
Ah ! Abomination ! Voilà donc qu’il me castre !
Ce crime il va falloir référer au cadastre !

DODI
C’est le prix du mépris affiché par l’humain
Ce que je tiens en main si implacablement
Est le premier assaut. Ma conclusion est “ Bip ”.

Scène 5 : DODI, CHARLES, HUBERTIN, RASTA

HUBERTIN
Diana devrait mourir, maintenant.

RASTA
                                                     Oh je flippe !
Regardez donc !

HUBERTIN
                         Horreur ! Vite mon appareil !

(RASTA et HUBERTIN photographient – mitraillent plutôt – CHARLES et DODI qui s’est immobilisé)

RASTA
Ah ! Je n’ai jamais rien mitraillé de pareil !

CHARLES
Au secours ! Aidez-moi !

HUBERTIN
                                         Chut, on immortalise !

CHARLES
DIANA… Ecoutez-moi ! Elle a fait sa valise…

HUBERTIN (s’arrêtant)
Quoi ?

CHARLES
          Elle va s’enfuir… Avec ce vil chauffeur…

HUBERTIN
Léandre ?

CHARLES
              C’est bien lui !

HUBERTIN
                                      Fonçons sans nulle peur
Pour empêcher cela !

CHARLES
                                Par la porte j’ai ouï
Que Léandre traînait Diana dans le cambouis
Car il lui proposait sur la grand-route errer.
Diana m’avait montré qu’elle le refusait,
Ce Léandre incestueux. Acide est le bonbon !
Sous le beau charme encor de sa démonstration,
D’abord j’ai cru encor. Mais mon sexe tranché,
Lucidité est là, et il me faut venger !
Car vous êtes les seuls…

HUBERTIN
                                         Diana n’ira pas loin !

CHARLES (Désignant Dodi)
Pourquoi m’a-t-il castré comme un vilain babouin ?
Pourquoi Dodi est-il devenu aussi fou ?

HUBERTIN
J’ai provoqué la panne en retirant un clou,
Parce que je voulais que Diana soit à moi !
Quand elle m’a refusé, point ne suis resté coi :
Car je le transformai en meurtrier sadique.
Vous avez déplacé le grain de mécanique
Qu’il fallait pour le muer en machine tueuse.
Déçu, j’eusse espéré qu’il tuât Diana la gueuse !
Mais c’est vous qu’il frappa. Désolé : par erreur
Vous fûtes castré. Ah ! Laissons là tous ces pleurs !
Eh, Rasta ! En vitesse essaie de saboter
La Mercédès du roi, sans être repéré.

RASTA
S’ils doivent s’enfuir, ils vont manger d’abord.
Mais difficilement tout le tableau de bord
J’aurais pu saboter quand ils seront sortis.

HUBERTIN
Fais ton possible.

CHARLES (Se redressant, l’entrecuisse en sang)
                           Traître !

Scène 6 : HUBERTIN, CHARLES, DODI

HUBERTIN
                                          Ainsi, tout est fini.
Diana, tu es fichue. Mais j’aurais préféré
Ne pas avoir à tuer ce que si fort j’aimais.
Mais je suis exclusif : penser Diana sans moi
M’est très insupportable, et je voudrais ma foi
Qu’elle prenne en amante, eh bien la Mort pérenne
Au royaume des Morts qui tous la feraient reine.
La seule concurrence est la terrible Mort.
Celles qui m’ont déçu en connaissent le sort.
L’humiliation d’abord est leur terrible lot.
J’aimerais être un peu, mais juste un peu moins sot !
Une joie compulsive est en moi, oui, moi-même :
J’aime ce que je tue, et je tue ce que j’aime.
Le Beau est destruction. En étant journaliste,
Je peux bien assouvir ma passion aussi triste.
Les malpropres parties me soufflent une idée,
Des Atrides très digne, au moins en cruauté :
Si je les cuisinais, et les donnais en plat
A la royale proie qu’est la douce Diana ?
Pour m’avoir refusé, elle ira en Enfer
Ployer sous le dur joug de l’Affreux Lucifer.
Ah ! Me brûle l’envie d’appliquer ce vil plan
Et la fermentation contamine mon sang.
Rien ne sert d’essayer d’empêcher la furie.  
Dans mon esprit entier tout cela m’envahit.
Soit ! Parachevons-là, cette tragédie noire !
Il s’agit jusqu’au bout de déguster la poire !
Foin de scrupules vains ! Supplication, chantage,
Menaces, séduction, manipulation, rage :
Ah ! Tout a été fait pour la séduire : en vain !
Elle mérite bien ça : elle est sur mon chemin.
Au travail.

Scène 7 : DODI

DODI
               Les humains se débattent sans fin
Assoiffée, la passion les dévore un à un.
La toile d’araignée tous les immobilise.
Quand on gigote en vain, on s’englue dans la crise.
Ah ! Le plus court chemin pour aller à la Mort
Est vraiment le Destin. Il arrive en renfort !
De sa semelle énorme il piétine l’espoir.
Mais voilà maintenant qu’arrive le Soir Noir :
Regardons le finale ; ensuite, méditons.



ACTE V


Scène 1 : HUBERTIN, RASTA

HUBERTIN
L’heure tourne ; Rasta ! Bouge un peu ton gros fion !

RASTA
Me voici, franc-tireur de pure ignominie,
Chevaleresque roi de dure calomnie.

HUBERTIN
Alors ?

RASTA
           Tout est en route. Il va sonner très fort,
Le glas de Buckingham. De te suivre ai-je tort ?
Pourquoi de tes griefs ai-je épousé la cause ?
Je me suis comporté comme de toi la chose.
Ah ! J’ai trop d’amitié. Affreux je me dégoûte,
De la plaie de mon cœur le pus sans cesse goutte.

HUBERTIN
Des photos souviens-toi que tu auras primeur.

RASTA
Je suis bien trop frileux ; de ça j’en ai bien peur.
Consciemment, tu séduis mon penchant pour le lucre.
Sur le dégoût du crime, Hubertin met du sucre.
Buckingham va gicler : voilà qui est juteux.
Ce n’est plus le moment d’être aussi scrupuleux.
Advienne que pourra ! Je te suis convaincu.

HUBERTIN
Avec cette arme à feu point ne serons vaincus.
(Il montre son appareil-photo)
Ma vengeance étalée sur la première page,
De VSD sera le macabre héritage.
Diana assiste donc à son dernier gala.
Elle enserrera tôt sa mort entre ses bras.
Par son aveuglement, elle s’est faite expiatoire,
Et à tombeau ouvert vient la fin de l’histoire.
J’aimais cette princesse en Tartufe sincère.
Devrais-je voir périr cette personne chère ?
Acéré et mordant, le doute m’assassine !
La furtive pensée dans mon corps se débine :
Dois-je tuer ? Et partout, juges de mon destin
Derrière le rideau, subodorant ma fin,
Ah ! Maints sourcils froncés transpercent ma carcasse
Sur mon crâne s’écrase une sinistre masse !
Valet des Dieux, un œil, remplaçant le soleil…
Rasta haï, maudit, toi, qui est mon pareil,
Ne pouvais-tu pas lire en mes yeux mon amour
Et ne point saboter, à ma passion si sourd.

RASTA
C’est de quoi je voulais converser avec vous.
Point ne suis régicide.

HUBERTIN
                                 Ah ! Tremblent mes genoux !
As-tu trouvé un moyen de ne pas tuer Diana ?
Que me bâilles-tu là ?

RASTA
                               Mais je ne bâille pas !
Point ne suis encor prêt à tuer pour la richesse !
Effrayé de vous voir par une ardeur diablesse.
Très incurablement envoûté et soumis,
De tuer reine et amant tendrement j’ai omis.
J’ai juste assez limé la Mercédès royale
Pour que d’un bénin crash Diana vive le mal.
Suivant vos volontés, gagnant argent copieux,
Et ne tuant personne, ah ! J’ai agi pour le mieux.
Diana sera à vous, et ceci avant long.
A vouloir son décès vous fûtes vraiment prompt.
De l’accident furieuse, elle renverra l’autre
Et cédant je la vois droit chez vous qui se vautre.
Espérez ; sauvez-la !

HUBERTIN
                                Tu me sauves la vie !
Merci, maître !

RASTA
                        Oh ! “ Ami ” modestement suffit !
Mais je dois y aller : je dois huiler mon flash.

HUBERTIN
Du conte belle fin ! Elle allait être trash !

Scène 2 : HUBERTIN

HUBERTIN
Mais en suis-je bien sûr ? Voilà ce vieux compère,
Le doute déplaisant, de ma folie la sphère !
Car le crash n’est pas trash, grâces au bon Rasta.
Mais parbleu ! Rétablie, que va faire Diana ?
Mes deux mains à couper si elle veut ma tête !
Du bonheur égoïste elle sera au faîte !
Charles et Dodi et moi une fois écartés,
Déloyalement tués (je n’y ose songer !),
Elle sera seule, oui ! Mais avec ce Léandre !
Je brûle de les voir réduits en noires cendres !
Je crache l’imposture en vengeance terrible.
J’en appelle au Grand Flash, dieu du people horrible :
Ou Diana meurt, trépasse et rend toute sa vie,
Ou elle vit comblée, dans le luxe et l’envie.
Mieux la vaut morte que dans les griffes de l’autre !
Je serai leur venin, de haine triste apôtre.
Hé quoi ! De chez Satan, je la verrais heureuse ?
Inique satisfaire en tout sa vie peureuse ?
Pendant que je rôtis, les deux amants sourient ?
C’est moi qui sourirai quand ils seront punis !
Très bien : les jeux sont faits. Car je veux la voir cuire ;
Je n’ai pas d’autre voie que de la bien détruire.
Ah ! Si je faisais l’âne en vue d’avoir du son,
C’était pour que Diana passe le mur le son !
Tiens donc ! Voilà que vient le vil court-circuiteur,
De Diana flagorneur, de ma vie contempteur.
J’ai une idée soudain : je vais le faire boire !
Sûr qu’il se plantera, car rond comme une poire.
Jouons sur la calomnie : “ Diana ne t’aime pas ! 
Belle et noble est Diana, plus riche qu’un Inca ! ”
Excité par l’alcool, il roulera plus vite ;
Je vois l’Halleluia que déjà il récite !
Il va se suicider, désespéré : et boum !
Ah ! Ils seront plus morts que le vieux Léon Blum !
Dieux ! Tout cela sera éblouissante fête !
Je serai tel Judg(e) Dredd disant : “ Justice est faite ! ”

Scène 3 : HUBERTIN, LEANDRE

HUBERTIN
Mettons une moustache : ainsi je vais tout dire
Pour qu’il ne sache pas qu’il est sous mon empire !

LEANDRE
O joie !

HUBERTIN
           O haine !

LEANDRE
                          Quoi ?

HUBERTIN
                                      Diana vous aime-t-elle ?
Est-ce là vrai amour, ou simple bagatelle?

LEANDRE
Voilà phrase insolite, inconnu moustachu ?
Je l’aime, mais qui donc…

HUBERTIN
                                          Je suis homme déchu.
J’étais prof de Diana, de polo en un mot.
Je faisais vraiment tout pour la rendre très pro.
Excités au contact de la selle en pur cuir,
Nous n’avons nullement songé qu’à nous reluire,
J’étais esclave aimé d’une tendre passion.
Mais c’était sans compter sur la perfide Albion.
Condamné notre amour, nous dûmes alors rompre…

LEANDRE
I beg your pardon, mais je dois vous interrompre :
Je ne reconnais pas votre physionomie.

HUBERTIN
La douleur a tordu mon visage marri.
Car roturier j’étais ! Elle m’abandonna.
Pour fréquenter les cours ! Détestable Diana !
Sans cesse m’assurant de doucereux serments,
De passion éternelle et d’éternels printemps,
Inconstante, éphémère, elle me bafouait !
Ayant l’impiété du pire Baphomet,
Elle trompait ma foi et mon flambeau mourant.
Sa froideur me faisait hurlant, agonisant.
Se comportant en truie, Diana m’a bien détruit !

LEANDRE
Comment interpréter ce que ce manant dit ?
Se pourrait-il que… Non !

HUBERTIN
                                       Ah ! J’ai bien peur que oui !
Eve impie, elle traîne Adam dans le cambouis.
Elle vous laissera croquer dans une pomme
Pour mieux pouvoir jouer à Guillaume Tell !

LEANDRE
                                                                    Homme !
Quand tu m’as prévenu, tu as vraiment bien fait.
Car de la noble harpie, je vais bien me garder !

HUBERTIN
Pour oublier Diana, trinquons ensemble, … ami !

(Ils trinquent – HUBERTIN jette en sifflotant le contenu de son verre derrière lui, Léandre boit un verre, puis attaque au goulot)

HUBERTIN
Rasta va arriver ! De boisson il est pris,
Le fier Léandre ! Hin hin ! A la consigne lié,
Rasta grimé en chef a un peu cuisiné :
De Charles le phallus va être becquetable !
Impatiemment j’attends qu’on dise enfin : “ A table ! ”
A aucun prix il faut que je sois inquiété !
Filons donc vite fait ! Au rideau déchiré !
(Il se cache derrière le rideau)

Scène 4 : DIANA, DODI, LEANDRE, RASTA (grimé en chef), HUBERTIN (caché derrière le rideau)

RASTA
A table !

HUBERTIN
             Hin hin ! Je ris ! Vertige triomphal !
Recevez donc mes traits, oiseaux du lac Stymphale !

DIANA
Qu’aperçois-je effarée ? Mon chauffeur est bourré ?
Et notre promenade… Auriez-vous oublié ?

LEANDRE
Oui, Madame ! Je crois l’escapade un peu courte.
De désespoir affreux je me sens tout yaourt.
Fuite heureuse en avant n’est plus que “ promenade ”.
Ah ! Votre amour empeste en tout la mascarade,
Et vous confiant ma foi, à vous triste succube,
Je participe seul à un beau coup de pub.

DIANA
Ciel ! Ses dispositions pour Diana ont changé ?
Conspirant contre moi, futur, présent, passé
Emportent mon esprit en un dur maëlstrom.
De l’affront voilà bien l’extrême maximum.
Quoi ? Dois-je tout voir perdre ? Enfin, soyez vous-même !
Dans un milieu hargneux de faces de carême,
Je souffre, l’autre boit. Assez, sinistre éponge !
Je ne parlerai plus à moi-même en un songe,
Pleureuse lamentable. Ivrogne divaguant !
Ranime ton amour assommé au vin blanc !
Réveille ton regard !

LEANDRE
                               Je ne vois plus que haine !
Echauffé par l’alcool, ma vue n’est que Géhenne !
Je vois la vraie Diana : virago indigo,
La parjure princesse est louve faite agneau.
D’avance, elle me jette.

DIANA
                                    Ah ! Il pense au futur !
Dis-toi que seul existe un présent, pur et dur.
Ce qui va se passer n’existe pas encor.

LEANDRE
C’est déjà arrivé ! Nous sommes déjà morts.

RASTA
Voici donc le menu : roustons de porc farci !
(Long silence. Ils mangent.)

HUBERTIN
Voilà bien du taureau le silence de peur,
Quand son regard se fait très interrogateur,
Quand le torero rit, lors de la passe ultime.
Des mannequins de chair, déjà pantins, des mimes,
Jouent cette parodie, du théâtre maudit.
Je l’aime, et l’on me hait. Tout va de mal en pis ;
Quasimodo ricane, et le Phoebus trépasse.
Allons ! Il est temps de tirer de l’eau la chasse !
Ils ont déjà mangé : céans ils vont manger !

RASTA
Il rit, moi je gémis. Ah ! Il s’est déchiré,
Le voile m’aveuglant. Mais que m’as-tu fait faire,
O toi, mon tendre ami, digne de Lucifer !
Je savais tes abus. Pour ne point t’offenser,
Toi mon ami, mon frère, avec qui j’ai tant joué,
Par Diana envoûté, serpent qui te damna,
Dément je t’ai suivi. Du vice Gargantua,
C’est par perversité et par pure vengeance,
Que nous poursuivions des dominants l’engeance.
Furieux de l’esclavage, fous de servilité,
Victimes et bourreaux, chiens baveux de curée,
Ignobles nous étions. Racheter notre erreur
De l’humble Rédemption sera la teneur.
Courons après Diana. Enfer ! Ils sont partis !

Scène 5 : DIANA, DODI, LEANDRE (dans la voiture)

DIANA
Ainsi tout glisse. Au loin ! Fuyons pouvoir et vie.
Dès qu’il aura cuvé, nous pourrons être heureux.

LEANDRE
Hélas, on vous appelle, on vous aime, on vous veut :
Je vois un ennemi dans le rétroviseur.

Scène 6 : DIANA, DODI, LEANDRE, HUBERTIN

HUBERTIN
Eh oui ! C’est mon engin : pétrolette à moteur
Qui m’a permis d’aller jusqu’à vous, ma victime !

DIANA
Lui !

HUBERTIN
       Répétez ce mot ; arrivée dans l’abîme,
Cent fois vous le direz : je suis l’image ignoble
Sans fin de votre Erèbe. Ah ! vous me verrez.

DODI
                                                                        Obl !

DIANA
Dodi est déréglé : qu’est-ce à dire ?

HUBERTIN
                                                      C’est moi.

DIANA
                                                                       Vous ?

HUBERTIN
Artisan destructeur, maniant mon burin fou,
A vif j’ai molesté, au plus profond des rouages
Le seul qui connaissait votre tendre ramage.
Le loup aime l’agneau, et furieux cannibale
Le bon Charles je castrai en un sinistre râle !
De ces roustons saignants tu as fait ton repas !
Le bifide Rasta a cuisiné ce plat !
Tigre altéré de sang, j’immolai ton cerveau
Car gustativement tu as mangé ce veau !

DIANA
Le beau titre d’humain furieux tu usurpes !
Après ce vil repas, je ne ferai pas “ Burp ” !


HUBERTIN
De ma pulsion secrète éternelle est la fête !
A bien m’analyser, Freud va perdre la tête !

DIANA
Crions : “ Créon, Néron, vous êtes dépassés !
Vous voilà surpassés en inhumanité !
Je suis inondée de bave vitriolesque !
Ton sang ne charrie que le plus hideux grotesque !
Ah ! Sans cesse j’agrippe, accroche, empoigne, sers !
Dans une camisole au foie portant ses serres,
Cet aigle palpitant, héraut de Némésis,
Appelle à mon chevet le macabre Anubis.
Mais ne résistons plus : je tombe dans la tombe !

LEANDRE
Cette horreur fait l’effet d’une infernale bombe !
Il y a de lombrics dans la sauce tomate !
Apprêtons-nous à faire, hélas : “ Echec et Mat ”
Il n’en restera qu’un !

(Noir – Vacarme épouvantable)

DIANA
                                Splat ! Je me suis plantée !

(Lumière – DODI, LEANDRE et DIANA sont morts -)

HUBERTIN
Ciel ! Qu’ai-je fait ? Tuerie ! Tuerie toute effarée !
La Phèdre unijambiste étreint mon pancréas !
Aspergé de luxure et boursouflé de crasse,
Triste, je ne suis plus qu’un chaudron de furoncles !
Chez moi Bélial régnant s’est trouvé un digne oncle !
Monstre crachant du feu, Moloch Baal m’avale ! !
Suppurant l’infamie en cataclysmaux râles,
Plus obscène et gerbant qu’un torturé film X,
De haine éjaculant, je me noie dans le Styx.

Scène 7 : HUBERTIN, (DIANA, DODI, LEANDRE), CHARLES, RASTA, MORGAN

RASTA
Trop tard ! Le crime est fait ! Tombé le couperet !

MORGAN
Ah ! D’un tragique hymen tragique opacité !
Mais que s’est-il passé ?

HUBERTIN
                                     Je me tiens devant vous
Misérable et bouillant. Ils tremblent mes genoux.

CHARLES (estropié)
Ils ne trembleront plus ! Verrue laide incrustée
Sur la face de Dieu, scoumoune gangrenée !
J’invoque la furie de l’immolant tonnerre !
Sois maudit des brigands dont j’ai purgé la terre !
C’est l’herbe de l’Enfer que je t’envoie donc paître !
De ton sang noir de boue je m’en vais me repaître !
Je l’ai dit au début : incontinent j’empale,
La Mort te couvrira de son sinistre châle !

(Il empale HUBERTIN)

Tout est fini ! Je puis du royaume des ombres
Bien vengé arborer le triste masque sombre.
Empruntons bravement de la Mort la chaloupe.

RASTA (Prenant tout plein de photos)

Quel beau carnage, en fait ! Pour un scoop, c’est un scoop !

FIN

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