Sables Éternels
(Forever Sands)
by
Avery Fletcher
traduction par Nosfé Reverso.
Il n'y eut d'abord qu'une bourrasque, puis le vent se leva
complètement. Et le bleu du ciel le céda à des teintes de safran, avant de
disparaître et de se confondre avec les dunes.
Pris dans la tempête de sables, la caravane avançait, à
l'aveugle. Les chameaux marchaient, imperturbables, de leur allure hautaine et
nonchalante. Les hommes à leurs côtés évoluaient avec difficultés, les visages
enfouis sous d'épaisses couches de tissus.
Le temps s'égrenait. La tempête ne s'apaisait pas et, pas
après pas, bêtes et caravaniers s'éloignèrent sensiblement de ce qui était leur
piste, cette route que normalement, ils suivaient d'instinct.
Le chameau de tête blatéra soudain, et stoppa. A sa suite,
les autres l'imitèrent. Un homme se porta à sa hauteur et, parmi les suages de
poussière orangés, comprit.
Il sentit le sable se dérober sous ses pieds, céder sous lui,
et l'avaler bientôt jusqu'au genou. Le camélidé laissait échapper de nouveaux
cris, rauques et pitoyables. Ses pattes avait déjà disparues sous la surface.
L'homme appela ses compagnons, prit l'animal à la brides, tenta de l'amener à
un sol plus ferme. Mais ceux-ci, comme les autres animaux derrière,
s'enfonçaient également, pris dans le même piège.
Il poussa un cri. Une sensation glacée contre son mollet. Il
lâcha l'animal qui, se débattant de plus belle, avait maintenant du sable
jusqu'à garrot, et il enfonça ses bras dans la pâte mouvante qui l'engloutissait
lentement.
La sensation de froid fut plus prégnante encore, et quand il
ressortit ses mains, celles-ci étaient couverte d'une boue brune. De la vase,
le limon d'un fleuve tout proche, peut-être même là, juste à côté, perdu
derrière l'uniforme rideau jaune soulevé par la tempête. Et soudain, une
sensation de piqûre, comme un aiguillon de feu parmi la viscosité glacée. Puis
une autre, puis des dizaines, sur tout son corps, et des fourmillements,
partout, leur succédant.
L'homme était maintenant enfoui jusqu'à la poitrine, tenant
dans sa main une corde qui allait se perdre dans le sol. Il entendait les cris
de ses compagnons, derrière, sans doute à se battre eux aussi avec ses sables
mouvants, les râles des animaux, sentant le danger, mais déjà empêtrer dedans,
et incapable de s'en dégager. Le froid de la vase prit le pas sur la chaleur du
désert sur sa tête. L'homme dégagea sa bouche, sa poitrine oppressée. Il pris
une dernière inspiration, une goulée d'air chaud, chargé de ce sable fin,
grains minuscules et intrusifs, et se laissa avaler par le sol.