samedi 18 mai 2013

Le Secret Du Pêcheur [Monty]


Chez les Rockfeller, chaque dimanche depuis des années ils organisent le repas de famille. Dans un grand pavillon, avec perron, une pelouse verte bien tondue, plus propre qu'un terrain de football. Puis sur le côté une allée en béton pour laisser place aux véhicules. Au fond se termine un atelier dont l'accès est réservé au grand-père, Richard. A l'intérieur, le luxe est dans toutes les pièces. Chêne, marbre, cuir, cristal, la qualité se déchaîne à n'en plus finir.
L'argenterie porte même les initiales du patriarche "RRK", Rickard Rockefeller King. Malgré l'atmosphère d'empire, l'attitude de chaque membre de la famille semble commun. Pendant que la maîtresse de maison annonce l'arrivée de la mise en bouche. Le petit Joey qui jouait dans le jardin a disparu. Introuvable dans la maison, le jeune farceur âge de 9 ans défie les règles en s'introduisant dans l'atelier privé de son grand-père. Sachant la nouvelle, Richard s'empresse de le rejoindre. L'enfant est immobile devant un objet étrange, le plus étrange même de tout l'atelier. 
- Comment es-tu rentré ici Joey ? demande Richard.
- Papy, c'est quoi ça ?
- Je t'ai posé une question.
- Je te répondrai quand tu répondras à la mienne, déclare Joey.
- T'es dur en affaire, comme ton père. Après tout le repas attendra 5 minutes.
Richard saisit 2 chaises et commence son récit.
"Petit, je ne savais pas quoi faire comme métier. N'étant pas très bon à l'école ni ailleurs, ça inquiétait mes parents. Mais je m'en moquais. Par contre j'avais une passion, tous les week-end avec mon grand-père on allait à la pêche, j'aimais bien. Je n'attrapais jamais rien et le problème c'est que je faisais trop de bruit, ça effrayait les poissons. Mais un jour, après m'être disputé avec mon frère pour je ne sais plus quoi, j'ai décidé de lui piquer cet instrument. Je l'ai modifié pendant longtemps dans le but de me venger. Mon frère pratiquait la musique, il avait plusieurs instruments et en double. Il n'a jamais fait attention qu'il lui en manquait un. Il l'a su après coup. Un beau jour, à la pêche, je casse une corde, mon grand-père était furieux. En rentrant chez moi, j'ai eu l'idée d'en prendre une de cet instrument là que tu vois. Evidemment, ce n'était pas compatible. J'ai donc décidé de l'utiliser pour pêcher." 
L'enfant écoute son grand-père avec stupéfaction. Il ne peut s'empêcher de le bombarder de questions. Mais Richard s'empresse de le réduire au silence, car il sait que la colère de sa femme pour un retard au repas fera l'effet d'une bombe atomique. 
"Tu veux donc savoir comment, hein Joey ? C'est très simple. J'ai détaché la corde la plus grave, je lui ai ajouté une longueur puis je l'ai enroulée autour du vibrato, c'est pour faire les vibrations avant que tu me demandes. Comme ça je pouvais remonter facilement la ligne. Bien sûr j'étais le seul à penser pouvoir pêcher avec ça, mais pendant mon bricolage je ne dérangeais pas mon grand-père et ses amis. Le seul bémol c'est que je ne pouvais mettre de crochet, impossible d'y mettre un appât sans, car les vers sont trop fins. J'ai donc pioché dans les rations de mon grand-père, j'avais rien d'autre, j'ai attaché des bouts de saucisse en guise d'appât. Quand j'ai testé ma nouvelle canne, tout le monde rigolait. Mais il s'est passé quelques chose d'étonnant. J'ai polarisé tous les poissons et les pêcheurs à la fois. Les vibrations que je produisais en jouant des notes, se ressentaient jusqu'au fond de l'eau. Au lieu de les effrayer au contraire les poissons se battaient, se laissaient attraper, ils étaient comme possédés, sous mon emprise. Les pêcheurs eux étaient juste curieux, car il n'avaient, du coup, plus rien à pêcher. Avec mon grand-père nous avons déposé plusieurs brevets. L'astuce était tellement efficace qu'à chaque fois on avait peur de manquer de bouts de saucisses. C'est grâce à ça que notre famille modeste de base jouit aujourd'hui d'une grande notoriété. Maintenant que tu connais tout, Joey tu dois me dire comment tu es rentré ?
- Papy, tu avais laissé la porte ouverte. "

dimanche 12 mai 2013

Elvis et la quête de la Liporne [Vinze]


Elvis et la quête de la Liporne

Dédié aux artistes fous de Zone Franche 2013

1 – From Elvis in Memphis

Il était une fois, dans le lointain royaume de Memphis, un chevalier-ménestrel du nom d’Elvis. Désireux de devenir le plus grand chevalier-ménestrel de toute l’histoire des royaumes-unis, il s’en alla chercher conseil auprès du maître des chevaliers-ménestrels de l’école du Roc, maître Chuck :
« Maître, comment devenir le plus grand chevalier-ménestrel de l’histoire ?
— Tu désires donc me dépasser ?
— Oui, maître !
— Alors va donc te faire enculer ! »

Et c’est donc sur ce conseil éclairé de son maître que le jeune Elvis se mit en quête de la Liporne, cet être mythique capable de lui permettre d’accomplir cette mission initiatique. Il enfourcha sa fidèle monture Beebop A’loula et partit au plus fort de l’été, équipé de son épée et de son luth.


14 – Elvis is Back!

C’est rempli d’une grande fierté et d’une profonde douleur qu’Elvis accomplit le trajet du retour jusqu’en son royaume natal.
Et ce n’est pas sans étonnement qu’il ravala sa fierté face à la fraîcheur de l’accueil. Il n’y eut pas de haie d’honneur ni de pucelle ivre de désir pour lui, juste une complète indifférence.
Quand il rapporta son exploit à son maître, ce dernier ne trouva rien d’autre à dire que « Bah dis donc, t’as dû bouffer un sacré de paquet de saucisses pour prendre un aussi gros cul ! Et qu’est-ce que t’as foutu avec tes cheveux ? »

samedi 11 mai 2013

Love Me Sweet [Diane]


LOVE ME SWEET
Love me tender,
Love me dear,
Tell me you are mine.
Ill be yours through all the years,
Till the end of time.
Ken Darby /Elvis Prestley, Love Me Tender

Lewis mon amour,
Je t’écris cette lettre car il est temps de mettre les choses à plat. Il est temps de mettre à bouillir le cochon comme tu disais avant de partir travailler. Tu te souviens, tu m’embrassais sur le front, tu croyais que je dormais, je ne dormais jamais. Je ne voulais rater ton baiser matinal pour rien au monde, et ton odeur de petit Babe tout propre au sortir de la douche, juste rasé m’excitait comme tu n’avais pas idée, elle me fait encore mouiller quand je l’imagine un peu trop fort, au point qu’il me faut respirer un mouchoir imbibé de ton après-rasage pour me calmer, après-rasage dont j’ai acheté plusieurs flacons, comme si tu n’étais jamais parti. Cela ne fait que renforcer ton absence un peu plus.
Depuis plusieurs jours j’ai l’angoisse de faire les courses. Cuisiner des ratons-laveurs écrabouillés, des restes de biche volés dans la forêt, je n’ai jamais vraiment rien eu à redire à propos de ça. Désemparée par le vide que tu as laissé auprès de moi. Dans un état second jeudi dernier j’ai ramassé le cadavre d’un chat sur la route, bouffé par les corbeaux et les fourmis. Bien lavé, correctement mis à mariner selon tes méthodes, il a fait un bon repas quelques jours plus tard et j’ai fait un adorable petit coussin Hello Kitty avec sa fourrure. Je ne sais pas si tu as entendu dans ta cellule mais : ils mettent du cheval et Dieu sait quoi d’autre encore, dans les plats surgelés européens. Je comprends pourquoi tu voulais que je mange de la viande de qualité, et fraîche. J’imagine que des êtres humains ont dû finir un jour dans les usines Findus et pas seulement par accident. C’est tout à fait possible que cela soit déjà arrivé, mon oncle quand j’étais petite avait découvert un jour un index dans une boîte de saucisses cocktails. Un jus marron crémeux avait remonté du fond de la boîte quand il avait sorti le doigt coupé pour le mettre à sa bouche, croyant prendre une petite saucisse. Cette vision d’horreur est encore très vive dans mon esprit.