mardi 16 juillet 2013

Deus Ex Machina [Yoann]

         An 2268, Bulle Locale, à quelques centaines d’années-lumière de la Terre.

« Centre de Contrôle de Beta Primaris, ici le vaisseau d’exploration Majestic. Avons atteint le système P3X-999 et commençons l’analyse des planètes. Le rapport préliminaire suivra dans deux heures. Majestic, terminé. »
Le Premier Pilote Jourah cligna des yeux et le message fut envoyé. D’un regard, il appela à lui les relevés des détecteurs et, deux millisecondes plus tard, toutes les données étaient chargées dans son cerveau, via l’Implant Cybernétique classe Navigateur Or, du Syndicat Moïese, situé à la base de son crâne. Cette interface humain/machine permettait une connexion directe aux ordinateurs du vaisseau : le pilote pouvait ainsi savoir en temps réel l’état du navire, sa position dans l’espace et tout ce qui se passait à l’intérieur et à l’extérieur. Aucune lecture ou interprétation des données n’étaient nécessaire, le pilote savait tout, tout de suite. Un gain de temps considérable.
« Je la trouve un peu grognon depuis l’avant-dernier saut. T’as eu cette impression toi aussi ou c’est un fantôme ?
-Ouaip, répondit le Second Pilote Wilhem, la Grande Dame a un peu de mal à avancer aujourd’hui. Probablement une saleté dans le système anti-gravifique. Je demanderai aux ingénieurs de faire un check-up complet une fois qu’on sera posé.
-En espérant que ça ne nous lâche pas en plein atterrissage… (D’une pensée, Jourah ouvrit l’intercom). Le Capitaine est attendu sur la passerelle.
-Capitaine à l’inter. J’arrive. »


Quelques minutes plus tard, le Capitaine Rodro entra sur la passerelle. Archétype du commandant de vaisseau : grand, beau, séducteur. Et avec une conquête dans chaque spatioport de la Fédération. Ou deux, tout dépendait de la taille du port.
« Et bien, qu’avons-nous de beau messieurs les pilotes ?
-P3X-999 monsieur. Nous sommes arrivés avec dix minutes d’avance. Le rapport préliminaire des détecteurs confirme les relevés de la sonde : une seule planète de classe E[1], la quatrième. Aucune anomalie ou objet anormal à portée, j’ai donc programmé la course pour la quatrième planète.
-Parfait. Emmenez-nous là-bas alors. Combien de temps de vol ?
-Une heure à peu près. Il y a de sacrés courants de vent solaire à proximité de la quatrième planète, je préfère être prudent.
-D’accord. Transférez-moi toutes les données relevées par les scanners environnementaux tout au long de notre approche. Ça nous fera gagner du temps, on pourra peut-être même battre notre record annuel cette fois.
-A vos ordres Capitaine. »
 





         Une heure plus tard, salle de briefing du Majestic.

« Bonjour à tous. Comme vous avez pu le voir par nos magnifiques hublots, notre vaisseau entame à présent les manœuvres d’approche afin de se poser à la surface de P3X-999/1. Planète de classe E. (A ce moment-là, un hologramme de la planète en question apparut au milieu de la salle et les lumières s’éteignirent). Un peu plus grande que la Terre. Atmosphère viable : azote, oxygène, argon, dioxyde de carbone, en proportion similaire au standard. Gravité égale à un virgule deux g, donc faites gaffe les gros. (Quelques rires épars). Température moyenne de dix-sept degrés Celsius… A part ça, formes de vie animale et végétale détectées, mais rien qui a l’air de posséder un schéma mental très évolué.
Nous allons nous poser dans l’hémisphère nord, sur une vaste plaine bordée au nord par une gigantesque forêt, et à l’ouest par la plus haute chaine de montagnes qu’il m’ait été de voir. Déploiement standard : Hunter et son escouade en reconnaissance, périmètre de dix kilomètres. Quatre équipes d’exploration –les mêmes que d’habitude… Pour le reste, vous savez quoi faire, vous connaissez la chanson. Des questions ?
-Oui, fit Arlia, archéologue en chef de l’expédition. Est-ce-que des traces de civilisations intelligentes ont été trouvées ?
- On n’en sait encore rien. Wilhem a trouvé un ensemble de rocs taillés étrangement en plein dans la forêt, pas très loin des montagnes. Et il pense que ça a peu de chance d’être le résultat d’une érosion naturelle, du coup c’est par là que votre équipe commencera ses investigations. Je me joindrai à vous, avec la moitié de l’escouade de réserve, juste au cas où. D’autres questions ? (Tous firent non de la tête). Parfait, équipez-vous alors, débarquement dans trente minutes. »






         Armurerie et équipement.

« Hé, Raton ! C’est la première fois que vas sur le terrain, non ? Pas trop angoissé de quitter ton labo ?
-Non Gulliver, pas trop, répondit un des biologistes. Simplement de l’excitation.
-(Le dénommé Gulliver eut un petit rire narquois). J’espère bien qu’on va en avoir nous aussi de l’excitation, pardi ! J’ai toujours pas pu tester ma Dulcinée, ça me démange de buter quelque chose avec ! »

Hunter eut un petit sourire sarcastique sous son casque, ce que personne ne vit. Gulliver était un guerrier géno-modifié de la Fédération, bardé d’améliorations diverses et variées.
Il s’était, entre autres, fait remplacer les poumons par des respirateurs artificiels, ajouter un deuxième cœur, renforcer le squelette et les muscles, augmenter son métabolisme, sa régénération cellulaire,… Bref, tout ce qui fait l’Etre Humain, les géno-modifiés l’améliorent, afin de devenir les « guerriers parfaits », selon eux. La Fédération n’aime pas trop ce terme, qui a une consonance un peu trop eugénique, préfère parler de « guerriers améliorés ». De nombreuses voix se sont élevées contre cette déshumanisation des soldats, néanmoins les bénéfices de ces augmentations sont tels que personne ne songerait à ne plus les pratiquer.
L’avantage de telles améliorations ? Grâce à elles, les géno-modifiés peuvent évoluer et se battre n’importe où : atmosphère pauvre en oxygène, toxique, radiations dangereuses, températures non compatibles avec la vie,… Rien ne les arrête. Même pas de nouveaux agents pathogènes, puisque leur corps isole et rejette tout corps vivant étranger. Et que leur système immunitaire est infaillible, capable de lutter et d’éradiquer toute infection (en théorie). En d’autres termes, ce sont les explorateurs spatiaux parfaits : fini les problèmes d’oxygène et d’asphyxie, aucun risque de déclencher des épidémies, et plus besoin de porter de coûteuses et encombrantes combinaisons de protection blindée (qui signent votre arrêt de mort dès qu’elles sont un peu déchirées).

En plus de ces améliorations biologiques, la plupart des guerriers géno-modifiés de la Fédération ont également recours aux augmentiques mécaniques. La plus célèbre est l’Arme d’Appui Amovible (surnommée la triple A), celle que Gulliver avait appelée sa Dulcinée[2]. Il s’agit d’une arme auto-modulable, que l’on porte sur une/deux épaule(s) et connectée directement à la moelle épinière via un branchement neuroméchanique. Cette connexion se fait au niveau de la troisième vertèbre thoracique qui, au cours d’une opération chirurgicale à présent bégnine, a été remplacée par une vertèbre artificielle, pourvue d’un grand nombre de branchements standard. Cette vertèbre est un peu un « hub » humain, sur lequel il est possible de brancher un certain nombre d’appareil.
Mais il en existe bien d’autres : membres bioniques, interface cybernétique permettant de se connecter au Réseau (sorte d’intranet généré par un vaisseau d’exploration et permettant un accès instantané à toutes ses bases de données) ou au Pla-Net (réseau de communication et d’information spécifique à chaque planète de la Fédération), et encore bien d’autres. Les seules limites à vos envies d’augmentiques étant votre compte en banque et les Lois de l’Augmentique. Mais tant que ces dernières sont respectées, les Syndicats peuvent créer et vous implanter toutes vos envies.

Hunter était, lui aussi, un géno-modifié, à sa manière. Lors des tests d’admission à L’Académie Militaire de la Fédération, une infime partie des candidats est dévoyé du programme de formation basique pour intégrer celui des Commandos Spéciaux. Là, ils apprennent à contrôle l’Armure Tactique Modulable, commercialisée par le Syndicat CryCore, un vrai petit bijou technologique. Composée de nano-robots et de fibres biologiques, elle est gérée par une intelligence artificielle basée sur la personnalité du porteur, et qui va agir en communion avec celui-ci : l’armure va voir, sentir, toucher, analyser et réagir pour vous, tout en comprenant et vous accompagnant dans vos mouvements. C’est comme une seconde peau, aux capacités bien plus étendues : elle vous protégera des attaques (du tir de fusil à plasma au brasier ardent, en passant par l’acide), vous camouflera, décuplera votre force, augmentera votre vitesse,… Et, à la différence des autres armures de ce genre créée par l’Humanité, elle ne tombera pas à court d’énergie, car directement branchée sur vos cellules, afin d‘utiliser la bioénergie produite par tout être vivant. Même une impulsion électromagnétique ne peut la mettre hors service.
Naturellement, un grand nombre de modifications corporelles et métaboliques sont nécessaires pour atteindre le niveau de compatibilité optimale entre un Commando et son armure. Ajout de terminaisons cybernétiques (pour le transfert d’énergie), d’une vertèbre artificielle au niveau des cervicales, modifications du métabolisme énergétique, de l’électrique du corps,… C’est un lourd fardeau que de remodeler l’homéostasie, et bien peu de candidats atteignent en vie la fin du programme. Mais c’est un grand honneur de porter une telle armure, fruit des technologies les plus avancées de l’Humanité. A un tel point que cela suscite des jalousies de la part des guerriers moins « fortunés », qui ont donnés aux Commandos le sobriquet de boite de conserve.

Les plus versés dans l’ancienne littérature ou le rétro-gaming auront remarqué l’extrême similitude entre toutes ces améliorations, ces armures intelligentes, avec des inventions présentes dans les œuvres de fiction des vingt et vingt-et-unième siècles. Cela est normal, les Syndicats ne se sont jamais cachés qu’ils puisaient leurs idées d’augmentiques (le terme vient d’ailleurs d’un univers très populaire à l’époque, très complexe et lieu de milliers d‘histoires) dans ces ouvrages et jeux. Des équipes de scientoriens sont d’ailleurs chargés de décortiquer ces trésors antiques afin de voir s’il ne subsiste pas quelques idées d’augmentiques potentiellement lucratives.

« T’as qu’une grande gueule Gul’, fit un autre guerrier du nom de Rayash. Tu vises comme un pied : la dernière fois, t’as quand même réussi à rater ce gros lézard de dix mètres de long !
-Mon programme de visée était corrompu et mes stabilisateurs de tir étaient morts. Comment veux-tu viser correctement dans ces conditions ? Mais je te rappelle que c’est moi qui détiens le meilleur tableau de chasse du vaisseau. T’es où toi, d’ailleurs ?
-Vous ne devriez pas appeler les confrontations avec les aliens, fit Hunter alors que Rayash allait répliquer. Profiter de la paix et de la tranquillité, voilà ce que vous devriez faire. Car nous avons été chanceux de ne croiser que quelques animaux sauvages jusqu’à présent. Le jour où nous tomberons sur de vraies formes de vies intelligentes, ce ne sera peut-être pas pareil… Nous ne sommes pas invincibles », ajouta-t’il en enfonçant une cellule d’énergie dans son fusil, puis se dirigeant vers le Capitaine pour d’ultimes consignes.
« Quel rabat-joie coincé du cul celui-là », grommela Gulliver.






        
         Planète P3X-999/1, six heures après l’atterrissage.

Hunter courait. Vite pour un Humain, trottinant pour un Commando. Ce n’était qu’une ombre silencieuse, une brise à peine perceptible. Il avalait tranquillement les kilomètres, gardant son énergie pour le futur.
Après avoir exploré et sécurisé les dix kilomètres autour du vaisseau, Hunter avait redéployé son équipe pour une exploration un peu plus précise du périmètre. Lui, avait poussé plus en avant, curieux de voir ce que le reste de cette planète réservait. C’est alors que le Capitaine l’avait contacté et prié de le rejoindre au site archéologique numéro un : il semblerait que quelque chose avait été trouvé, une galerie ou un souterrain, et qu’une équipe d’exploration allait y descendre. Hunter avait donc refait le chemin en sens inverse et retrouvé les autres. Cinquante kilomètres en quinze minutes, pas mal non ?

Les « rocs taillés étrangement », repérés par Wilhem depuis l’orbite, étaient en réalité un ensemble plus ou moins anarchique de petites pyramides et piliers, disposés autour d’un objet central. De l’autel, pensa Hunter, sans trop savoir pourquoi. Ce dernier ressemblait à deux tétraèdres liés par leur base et dont on aurait coupé le bout pointu. Il était posé en haut d’une courte volée de marches, dominant ainsi toutes les autres structures.
Celles-ci semblaient faites d’une sorte de roche volcanique, noire et sans aspérité, mais dont la structure moléculaire la rendait plus solide que du diamant. Hunter nota cette formule dans ses banques mémorielles pour l’inclure au rapport d’exploration préliminaire. Certains industriels seraient probablement très intéressés par tout cela.
Une allée pavée faisait également le tour de l’ensemble, englobant en son sein pyramides, piliers et autel. Quatre chemins, alignés sur les points cardinaux, reliaient cette allée à l’autel. Etrangement, et bien que personne n’ait aperçu de formes de vies intelligentes depuis le débarquement, l’ensemble était soigneusement entretenu. Rien ne tombait en ruine, aucune fleur ou mauvaise herbe ne venait perturber le gazon magnifique, et la forêt environnante se tenait à l’écart –sans qu’aucune trace d’élagage ne soit toutefois visible. L’analyseur moléculaire et rayons X de la combinaison de Hunter lui indiqua que les pavés étaient fait d’une roche similaire au marbre terrien (90% d’identité). Sa vision améliorée lui montra aussi que de fines lignes –invisibles à l’œil nu- étaient gravées sur l’autel, formant de vastes volutes et symboles stylisés tout en courbes.
A la base de ce dernier se trouvait le groupe d’exploration, qui attendait Hunter, rassemblé autour d’une entrée dans la plate-forme soutenant l’autel. Un escalier descendait assez profondément, à ce qu’il semblait, menant… Bah, quelque part.

Hunter fut mis au courant de la situation en quelques minutes et prit la tête de l’expédition en compagnie de Gorgone, l’un de ses hommes.
L’escalier plongeait rapidement dans le noir absolu. Le noir et le froid. La combinaison de Hunter eut du mal à ajuster sa vision afin de voir convenablement formes de vies, énergies et architecture, le tout en même temps. Et ce réglage ne servit plus à rien lorsque le reste de l’équipe suivit, débarquant toutes lumières dehors. Avec un grommellement étouffé, Hunter repassa en vision normale et se rapprocha du groupe principal.
Après l’escalier se trouvait un long couloir d’environ dix mètres de large, percé à intervalles réguliers de grandes portes que, malgré de nombreuses tentatives,  les explorateurs ne purent ouvrir. Grâce à sa vision améliorée, Hunter remarqua que –comme sur l’autel- les murs, le plafond et le sol étaient recouverts de fines lignes. Néanmoins, pas de formes abstraites cette fois, juste des lignes se croisant à l’infini. Comme un réseau de circulation.
L’équipe s’était déployée en formation standard, les guerriers autour des scientifiques, et ces derniers étaient excités comme des puces, malgré l’ambiance oppressante du tunnel. Conséquence de quoi, le groupe s’arrêtait tous les dix mètres pour analyser un truc ou un bidule intéressant.

Le compteur de marche de Hunter indiquait un kilomètre cinq-cent-trente-sept mètres depuis le début du couloir quand une lueur chatoyante apparue au détour d’un tournant. Après avoir fait stoppé le groupe, les deux Commandos partirent en éclaireurs et arrivèrent au bout du couloir, dans une immense salle creuse et vide, exceptée pour ce qui semblait être une boule de lumière en perpétuel mouvement et changement. Une passerelle de métal faisait le tour de cette salle, collant à la paroi, et rejoignait d’autres passerelles similaires via des escaliers en colimaçon. Les deux hommes s’avancèrent jusqu’à la rambarde avec prudence et… C’est là que ça a commencé à merder.
Soudainement, la combinaison de Hunter détecta une importante fluctuation d’énergie inconnue, et un rai de lumière venu de la sphère chatoyante balaya les deux Commandos. Puis cette dernière vira au rouge et une sorte de cri strident se fit entendre de très loin. La terre commença à trembler, comme si une gigantesque machine venait de se remettre en marche.
« J’aime pas ça, fit Gorgone.
-Moi non plus. Repli, ordonna Hunter. (Il passa sur la fréquence générale du groupe). Je crois qu’on a activé quelque chose, mieux vaut filer. Partez devant, on vous rattrape.
-Reçu Hunter », fit la voix de Gulliver.

« Demi-tour tout le monde !, beugla Gulliver. On se casse, et au pas de course !
-Mais, commença un des scientifiques.
-Y a pas de « mais » qui tiennent. Hunter nous a dit de dégager, alors on dégage ! »
Le groupe d’exploration se lança dans une course, effrénée pour les simples Humains, encombrés par leur matériel et leur combinaison, en direction de la sortie. Quelques dizaines de secondes plus tard, les deux Commandos les rattrapèrent et se séparèrent, Gorgone en tête et Hunter en arrière-garde.
La terre tremblait et grognait de plus en plus fort, comme les différents rouages d’un immense complexe s’activant les uns après les autres. D’autres bruits inquiétants –plus organiques, moins mécaniques- commençaient également à se faire entendre de part et d’autre du couloir. Les scientifiques lâchèrent tout leur barda et redoublèrent d’effort dans leur course.
Un grondement plus fort que les autres les jeta tous violement au sol, si subitement que la combinaison de Hunter n’eut pas le temps d’absorber le choc, et le Commando en fut sonné quelques secondes. Puis, venant de la salle creuse, une vague d’énergie grésillante déferla dans le couloir. Elle satura les récepteurs de la combinaison de Hunter, ce qui provoqua une microcoupure de l’intelligence artificielle la gérant.
Les lignes gravées dans les murs, le sol et le plafond se mirent à émettre une lueur rouge –d’un rouge profond, voluptueux, comme du sang frais-, déchirante lumière au sein de l’obscurité ambiante, formant comme un réseau de veines et d‘artères tout autour d’eux.
La sortie n’était plus qu’à quelques centaines de mètres, selon la combinaison de Hunter, quand les portes s’ouvrirent. Et déversèrent l’horreur.

Des dizaines de créatures, de toutes les formes, toutes les tailles, toutes les origines, beuglant comme des animaux sauvages et brandissant des armes organiques –comme greffées à leur corps-, sortirent en trombe et se jetèrent sur le groupe. Un guerrier du nom de Mark fut le premier à tomber, transpercé de part en part par une espèce d’épée vibrante qui détruisit ses organes internes, sans que son anatomie améliorée puisse faire quelque chose pour le sauver. Deux scientifiques furent réduits en cendres par un rayon d’énergie verdâtre. Et une violente mêlée s’engagea avec les autres.

Hunter faillit être tué et fut sauvé par sa combinaison. Celle-ci, comme à chaque rencontre d’êtres vivants inconnus, analysa les assaillants. Composition biologique, points faibles, structure protéique, fonctions métaboliques, phylum,… Elle analysait absolument tout, et transmettait ces données à Hunter. Des milliers, des dizaines de milliers d’informations furent chargées dans son cortex simultanément, surchargeant et court-circuitant son cerveau. Il resta donc planté là, tentant d’endiguer le flot de données se déversant dans son esprit, lorsqu’une des créatures se jeta sur lui. Sa combinaison, repérant la menace, se mit en mouvement pour l’éviter, forçant les muscles de Hunter à bouger. Le Commando sauta par-dessus le monstre qui lui fonçait dessus –qui alla s’écraser contre le mur d’en face-, et les protocoles de combat prirent enfin le dessus. Analyse en tache de fond, stockage des données dans la mémoire tampon, injection des stimulants de combat. L’esprit enfin clair, Hunter attrapa la tête d’une horreur qui tentait de le mordre et, d’un coup de genoux surpuissant, lui explosa le crâne.
Il dégaina son pistolet et sa lame de combat et se jeta dans la mêlée. A eux deux –Gorgone et Hunter-, ils firent un massacre et sortirent leurs camarades du pétrin. Ils arrivaient, frappaient, tranchaient et brisaient puis repartaient avant que la créature n’ait enregistré leur présence et le fait qu’elle était à présent morte. La première vague de monstres à terre, les guerriers survivants purent enfin laisser parler leurs armes. Formant le cercle de défense, ils activèrent leurs triple A et firent feu. Une tempête de balles, de laser, plasma et flammes s’abattit sur les créatures hurlantes et enragées qui les chargeaient. Les premiers rangs explosèrent, s’effondrèrent et furent calcinés dans le même temps.
Une fois tout le monde debout et les blessures les plus graves traitées, le groupe repartit, avançant mètre par mètre, maintenant la vague de monstres à distance. Les armes automatisées commençaient déjà à surchauffer, peu habituée à être aussi utilisée en si peu de temps. Les guerriers désactivèrent les sécurités et continuèrent à faire feu à plein régime, le visage tordu de douleur. Les armes envoyaient des impulsions électriques dans le cerveau, des signaux de douleur, pour signifier que quelque chose n’allait pas. Le résultat était que les guerriers avaient l’impression qu’une barre de fer rouge leur était apposée sur tout le corps, en permanence.

Bien que violentes et désorganisées, les créatures n’en étaient pas moins douées d’intelligence. Quand il devint évident que le feu continuel des Humains les maintiendrait à distance, elles laissèrent tomber le corps à corps pour amener leurs armes de tir. Le couloir devint alors un échange aveuglant de tirs de toutes les couleurs et une cacophonie de beuglements, hurlements de douleurs et d’agonie, d’injures ordurières. Le sol était couvert de fluides vitaux de toutes les couleurs et de morceaux de chairs, et plus d’un scientifique glissa ou dû s’arrêter pour vomir dans son casque.
Mais, étrangement, les armes des créatures n’arrivaient pas à percer les armures des guerriers. Les tirs d’énergies s’écrasaient sans dommage et si, par hasard, un tir réussissait à causer quelque dommage, la physiologie améliorée des géno-modifiés réparait instantanément ces dégâts.
Les trois quart des survivants du groupe étaient déjà sortis et l’arrière-garde commençait à faire mouvement pour se replier en bonne et due forme, quand une lance d’énergie orange jaillit des rangs des créatures. Elle frappa Georgie au torse, le transperçant et laissant un trou béant au milieu de sa poitrine. Le pauvre s’effondra, une expression choquée sur le visage, alors que la vision améliorée de Hunter lui montrait que la blessure tentait de se refermer, que les tissus géno-améliorés tentaient de se réparer, malgré le fait que Georgie soit déjà mort.
Après un dernier salut à ceux qui étaient tombés, Hunter remonta l’escalier en dernier et, une fois arrivé en haut, Gulliver lança un explosif de la taille d’un petit chien dans le trou. Ils l’entendirent rebondir sur des créatures, en faire tomber plusieurs, et causer une sacrée pagaille au final. Les survivants de l’expédition s’enfuirent au plus vite, les guerriers portant les scientifiques exténués, filant vers le vaisseau. L’explosif, un engin nucléaire miniature, détonna une minute plus tard, détruisant l’autel et ses colonnes, faisant s’effondrer le couloir sur une centaine de mètres et écrasant des centaines de créatures.






« A tous les membres d’équipage du Majestic, ici le Capitaine Rodro. Ordre de repli immédiat, code rouge-trois. Cette putain de planète est hostile, on se casse de là. »


 





« Ils ont bloqué le tunnel d’accès du niveau vingt-quatre, les Chasseurs vont être obligés de sortir par celui du niveau douze. Ils ne pourront pas les rattraper avant qu’ils décollent.
-Contretemps regrettable. Mais néanmoins intéressant, ces êtres savent se battre. Envoyez les Fantômes. Qu’ils nous les ramènent en vie, le plus vite possible.
-A vos ordres Grand Maître. Voulez-vous coordonner la Traque ?
-Occupe-t’en. Il me faut réveiller les Destructeurs. »






Les Fantômes arrivèrent dans un éclair de lumière noire, qui ne se vit pas puisque la nuit était tombée. Toute la planète était silencieuse, même le vent s’était tut, comme désireuse de se faire oublier d’un terrible ennemi. Les seuls bruits audibles étaient les cris animaux des Chasseurs et le sifflement en constante augmentation des moteurs du vaisseau étranger. Le Fantôme eut un petit sourire. Quelle bande de fous. Ces êtres pensaient pouvoir échapper aux Maîtres et à leur toute puissance. Grossière erreur. Personne n’échappait à l’Ombre.
Un grondement mécanique, puissant et profond, qui faisait trembler la terre, retentit alors. Les Destructeurs se réveillaient. Sans faire aucun signe, son équipe se mit en mouvement, silencieuse et invisible. Ils étaient frères et sœurs de sang et d’esprit, liés par la haine et la méfiance mutuelle, pour toujours solidaires et solitaires.
Rapidement, ils eurent rejoint le vaisseau étranger, primitive et affreuse conception de métal. Un cordon de leurs guerriers était déployé autour de l’accès principal, gardant celui-ci contre toute attaque des Chasseurs. Un concept qui fit rire le Fantôme. Les Chasseurs étaient loin, et faisaient du bruit pour affoler les étrangers, jouer avec leurs nerfs. Les Maîtres voulaient des réponses, pas un massacre.

Avec précaution, toutes armes sorties, les Fantômes approchèrent du vaisseau et de ses gardes. Enfin, prétendus « gardes » car aucun d’entre eux ne put les détecter. De même pour leurs capteurs de vie. Le Fantôme en fut déçu. Après leurs exploits contre une cohorte de Raptors, il s’était attendu à affronter des ennemis compétents, des ennemis intéressants. Au lieu de cela, ils se révélaient aussi pitoyables que tous les autres. Primitifs, aux sens et à la technologie limitée.
Les Fantômes pénétrèrent donc dans le vaisseau sans être repéré et se séparèrent, chacun se dirigeant vers son objectif. Avec une de ses sœurs, il se dirigea vers le poste de commandement. Il y trouva deux créatures informes, encastrées dans des fauteuils archaïques et branchées à ceux-ci par des tubes de toutes les tailles et toutes les formes. A la fois fasciné et dégouté, il se demanda comment une telle race avait pu voyager entre les étoiles.
« Passerelle, ici Gulliver. Le dernier groupe est en sécurité à bord et le sas en cours de verrouillage. C’est quand vous voulez.
-Compris. Capitaine demandé sur la passerelle. Séquence de décollage initiée.
-J’arrive. Dégagez-nous le plus vite possible. »

Le navire se mit à trembler terriblement, à un tel point que le Fantôme se demanda s’ils n’allaient pas exploser en vol. Mais comme les pilotes n’avaient pas l’air de s’inquiéter, il supposa que cela devait être normal.
Quelques temps plus tard, un être –que le Fantôme supposa être ce fameux Capitaine- entra et vint se mettre derrière les pilotes. Il avait manifestement subit une blessure à la tête, au vu du pansement taché de rouge qu’il tenait, mais ce n’était pas le pire. Le Fantôme aperçu un éclair métallique à la base de son crâne, un peu comme les pilotes, et entendit des grincements et craquements mécaniques provenant d’un de ses membres. Révulsé, le Fantôme dû se retenir de les tuer sur le champ. Ces êtres avaient fusionné avec leurs machines, à un tel point que cela en devenait obscène…
« Combien de temps ?
-Dix minutes Capitaine, pas plus. Les variations magnétiques de l’atmosphère foutent un peu en l’air nos instruments et on a dû bricoler un peu le programme de décollage mais…
-Putain, regardez-moi ça ! », coupa l’autre pilote.
Une image, floue et moche, projetée depuis le plafond, apparue dans le poste de pilotage, forçant les Fantômes à se renfoncer dans le noir. Elle montrait les gigantesques montagnes non loin du vaisseau en train de s’effondrer pour laisser le passage à… quelque chose. De très gros et sphérique. Les Destructeurs sont réveillés. D’un signe, le Fantôme signifia à sa sœur de passer à l’action. Celle-ci sortit son arme et paralysa le Capitaine, pendant que, d’une brusque torsion, le Fantôme brisait le cou des deux pilotes. Le vaisseau fit une brève embardée, le temps que l’ordinateur reprenne les commandes après cette disparition subite de la conscience humaine.

Dans tout le vaisseau retentissait des tirs d’armes paralysantes et les cris de surprise de l’équipage. Le Fantôme informa les Maîtres de la réussite de sa mission et contempla la destruction de la planète, s’effondrant sur elle-même pour laisser place aux Destructeurs. L’Ombre était en marche, la guerre allait bientôt se déchainer.






« Leur structure cellulaire est très intéressante, fit l’un des Maîtres. Très spécialisée mais en même temps très flexible. Du coup, ils ont une énorme perte d’énergie. Regarde cette molécule hélicoïdale, elle contient toutes les informations pour refaire un nouveau corps. C’est un immense gouffre à énergie et ressources.
-Mais cela leur permet de posséder cet immense pouvoir de régénération. Aucun des Premiers Asservis n’en avait de tel. Par contre, c’est très mal optimisé tout ça : regarde le nombre de cellules primitives, elles sont partout dans le corps. Mais elles ne bougent pas et ne servent généralement qu’à donner une ou deux lignées. C’est stupide.
-C’est une race primitive. Imparfaite, comme beaucoup de créatures au début de leur évolution. L’ensemble de leur potentiel est encore sous-exploité…
-Pas chez tous, coupa un autre. Ceux qui combattaient possèdent des capacités de régénération bien supérieures aux autres. Cela demandera une analyse plus poussée, mais je pense qu’ils sont capables de réparer quasiment tous les dommages causés à leur corps. Même si, étrangement, ces capacités restent grossières et dangereuses.
-Je confirme cela, fit un Maître à la voix très aiguë. Leur corps est un dépotoir à changement. Enormément de cellules se transforment vers la fin de leur vie, encore heureux qu’ils possèdent un système d’élimination des aberrations très efficaces, sinon ils mourraient très rapidement. Ce phénomène est visible chez les gringalets, mais en bien moins fréquent.
-Intéressant, fit le Grand Maître. Une idée de ce qui est à l’origine de ces défaillances ?
-Peut-être. On dirait que des séquences d’informations ont été introduites artificiellement dans certaines cellules. Après la naissance. Mais elles n’ont rien à voir avec la pureté des séquences Naturelles, celles-ci sont grossières et inachevées. D’où les problèmes de transformation.
-D’accord. Et est-ce-qu’il y a moyen d’en tirer quelques informations utiles au final ? Comme le moyen de créer des cohortes de Chasseurs se soignant tout seul ? Je pense que nos frères engagés dans l’extermination des Insectoïdes seraient ravis de disposer d’une telle arme.
-Si ces primitifs ont réussi à créer cela, bien entendu que nous pouvons faire quelque chose, lança narquoisement le Maître à la voix aiguë. Nous avons déjà une structure d’Information Universelle en cours d’élaboration, nous espérons pouvoir commencer les tests d’ici peu.
-Parfait. Tenez-moi au courant, ordonna le Grand Maître, avant de passer dans une autre salle, où il fut immédiatement abordé par un autre scientifique.
-C’est prodigieux, annonça-t’il d’emblée. Leur technologie est, certes, primitive et basée sur des matériaux fragiles et peu fiables, mais ce sont des génies. Venez voir, fit-il, tout excité. Le principe de leurs armes est simple, archaïque même –de simples lanceurs gravitationnel de munitions solides. Mais ils ont poussé ce principe à son paroxysme, créant ainsi de puissantes armes de destruction.
Et je ne vous parle même pas de ces armes embarquées qu’ils connectent à leurs corps. Voyez-vous, elles ne sont pas faites en alliage de métaux, comme les autres, mais sont composées de minuscules petites machines qui, sous l’influence d’un courant électrique précis, vont pouvoir modifier leur assemblage et créer ainsi une nouvelle arme. Bon, bien entendu, c’est très mal exploité, vu que ces dégoûtantes machines ont une mémoire limitée et que la source énergétiques des armes doit forcément être le petit générateur que vous voyez ici, mais le principe est magnifique. Je ne comprends pas que nous n’y ayons pas pensé plus tôt.
-Probablement car une telle union avec la machine est interdite, Prospecteur, fit le Grand Maître d’un ton glacial.
-Oui, oui, Monseigneur, balbutia le Maître avec terreur. Ce n’est pas ce que je voulais dire, je suis révulsé par leur technologie obscène. Mais je pensais à adapter le principe à nos Chasseurs. Il nous suffirait d’un vecteur permettant de remodeler l’arrangement cellulaire sur commande, et…
-J’ai compris le principe. Continuez vos travaux, vous aurez tous les cobayes que vous voudrez pour vos tests. (Il changea à nouveau de salle, alors que l’autre Maître se confondait en remerciements). Qu’avez-vous à me présenter ?
-Nous avons étudié les alliages de leurs armures et avons trouvé comment les percer. Nous sommes en train de modifier les séquences primo-génitrices des Chasseurs pour intégrer ce nouveau type de munitions à leur Code.
-Parfait. Vous avez réussi à tirer quelque chose de leur base de données ?
-Oui, malgré le fait que nos deux technologies soient totalement incompatibles. Nous avons extrait une série de coordonnées spatiales, que nous supposons être des planètes colonisées par le reste de leur race. Nous sommes en train de déchiffrer leur méthode de découpage de l’espace pour situer avec précision leurs mondes. (Un autre Maître débarqua en courant et murmura  quelque chose à son confrère). Vous tombez à point nommé. Nous venons enfin de réussir à ouvrir l’un des exosquelettes de leur guerrier d’élite, sans déclencher le processus d’autodestruction. Si vous voulez me suivre… »

« Une partie de leur matériel n’est pas naturel, fit l’un des Maîtres. Même principe que pour les autres guerriers mais en plus perfectionné, et plus raffiné aussi. Ces ajouts vont augmenter tout dans leur corps : réflexes, mouvements, force, résistance, capacités cognitives,…
-Ce qui est complété par leur exosquelette, ajouta un autre. Il est composé de fibres organiques et synthétiques, toutes artificielles bien entendu. Mais il semble exister un découplage entre le corps et l’exosquelette…
(Un appareil se mit à bipper rapidement).
-Comment est-ce-po… Arglash, jura le Maître, il se réveille ! »






Hunter sortit lentement du brouillard, chose qui ne lui était pas arrivé depuis l’enfance. Sa physiologie améliorée lui assurait un passage instantané du profond sommeil à complètement éveillé, et vice-versa. Ses souvenirs s’assemblèrent peu à peu, au fur et à mesure que son corps éliminait les agents somnifères étrangers et que sa combinaison le surchargeait de stimulants et nettoyants organiques. Il se rappelait que le vaisseau était en train de décoller, puis un message paniqué indiquant que des ennemis étaient à bord. Là, il avait refermé sa combinaison en vitesse, attrapé ses armes et… Une forme était apparue devant lui. Puis le néant.
Le souvenir de cette forme déclencha l’activation des protocoles de combat, ce qui entraina l’injection d’une forte dose d’adrénaline. A présent totalement lucide, il ouvrit les yeux et se sut couché. Il se redressa d’un coup, brisant ses entraves sans même s’en rendre compte, et sentit quelque chose tomber sur ses cuisses. Au même moment, l’indicateur d’intégrité de sa combinaison lui indiqua rupture critique.
Il baissa les yeux et vit ses intestins. Hors de son corps. Son pouls s’accéléra et du sang jaillit des dizaines de coupures pratiquées dans sa chair. C’est alors que la douleur le frappa. Une douleur au-delà de toute description, qui déchira son cerveau et brûla ses connexions nerveuses. Un cri de souffrance bestial jaillit de sa gorge, lui explosant les cordes vocales, alors que des mains le saisissaient au niveau des épaules et plaquait sur la table de dissection.
Sa vue augmentée était saturée de rouge, des alertes apparaissaient de partout, des protocoles de visée se lançaient tout seul… Sa combinaison était en train de perdre les pédales, tentant de le maintenir en vie, d’apaiser sa douleur, de la préparer au combat,… le tout en même temps, causant plus de mal que de bien au final.

Son corps était devenu un temple de souffrance, son sang le brûlait comme de l’acide et il s’étouffait dans ses fluides vitaux. Son esprit était ravagé, brisé par la douleur. Et alors que les Maîtres autour de lui s’affolaient pour le replonger dans le coma, Hunter lança, dans un dernier élan de lucidité, l’autodestruction de sa combinaison.
C’est ainsi que mourut le dernier membre d’équipage du Majestic, consumé vivant dans la plus horrible des souffrances par ce qui avait été son meilleur ami et protecteur, emportant malgré tout deux de ses tortionnaires dans la mort.


 





« Ceci est un message d’avertissement à celui qui le recevra et le comprendra. Je me nomme Alice Mons, chercheuse Humaine réfugiée sur la Terre, notre planète d’origine. Et membre d’une espèce qui sera éteinte dans quelques heures.

Voilà dix ans qu’une race d’envahisseurs est arrivée dans notre Fédération et a commencé son travail d’extermination. Enfin, un conglomérat de races plutôt, toutes plus différentes les unes que les autres, menées à la guerre par une seule et même entité : la Menace Noire, des êtres tout puissants qui se drapent d’ombres en permanence. Leurs serviteurs sont innombrables, immortels, décérébrés et entièrement loyaux. Aucun contact n’a été possible, aucune réponse à nos messages, aucune demande de reddition. Juste des massacres et ce nous avons appelé la Moisson. Cette Menace Noire collecte les survivants des batailles, les civils pris au piège, les blessés,… et les transforme. Les asservis, les modifie, pour en faire des serviteurs décérébrés qui seront jetés dans la prochaine bataille.

Je crois que nous avons créé ces ennemis. Après nos trop rares victoires, nous avons pu analyser les dépouilles de ces créatures de cauchemar. Certains de leurs séquences génétiques ressemblaient étrangement aux nôtres, à celles de nos augmentiques biologiques. Régénération cellulaire accélérée, consolidation des os, des organes, augmentation de la condition et des aptitudes physiques… Même le principe de nos armes amovibles a été retrouvé dans leur code génétique. Maintenant, les cohortes peuvent former n’importe quelle arme depuis leur chair, en fonction des besoins de la situation.
Je crois que nous les avons engendrés, les ressemblances sont trop grosses pour que ce soit une coïncidence. Je crois également que c’est ainsi que la Menace Noire vit et évolue. Elle étudie et assimile des civilisations entières, décortique le patrimoine génétique d’une race sous tous ses angles afin d’en retirer tout ce qui pourra leur être utile pour la Guerre. Avant de continuer leur chemin d’extermination, à la recherche d’une nouvelle proie. Ce sont des parasites, des vampires, une calamité.

Ils arrivent. Je les entends massacrer la Dernière Garnison. C’est la fin, rien ne peut les arrêter.

A tous ceux qui comprendront ce message : fuyez ! Fuyez le plus loin possible, quittez cette galaxie. Ne vous arrêtez jamais, ou la Menace vous attrapera. Ne la combattez pas comme nous l’avons fait, car elle est invincible. Car la guerre la rend plus forte. Ses forces écraseront vos faiblesses, et vos forces ne lui feront rien car elle n’a pas de faiblesse. Elle retournera vos forces contre vous pour mieux vous écraser. Rien ne peut l’arrêter, ni la mort, ni le courage, ni la folie. Une fois les cohortes lâchées, seule la victoire totale peut les faire arrêter.

La fin vient. Les tambours de la Mort résonnent à ma porte. Ils arrivent… »



[1] : E pour Earth, code signifiant que la planète est propice à la vie humaine.
[2] : La sienne étant le modèle Déchiqueteuse Hardcore du Syndicat Païn.

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