Journal du docteur
Cheryl Garland - 16 juin.
Je repense beaucoup à Adam depuis ce matin.
Jamais je n’avais rencontré un petit garçon comme lui. Au cours de ma carrière,
j’ai eu affaire à de nombreux cas complexes, comme la jeune Karen, il y a huit
ans de cela. L’un des plus intéressants cas de délire paranoïaque que j’aie rencontré. La fillette était persuadée que les chats étaient des êtres dotés
d’un pouvoir de jugement aussi puissant que le bon Dieu lui-même. Elle me
répétait sans cesse que si son Wolfgang (un Chausie tout ce qu’il y avait de
plus banal) la regardait de ses grands yeux verts, c’est qu’il cherchait à
épier la moindre erreur de comportement, et qu’à la plus petite incartade, elle
serait envoyée directement en enfer. Elle avait donc tué un nombre incroyable
de chats, le sien y compris, et n’avait éprouvé aucun remord. D’après elle (et
cette phrase me restera gravée en tête pour le restant de mes jours), « La nuit, tous les chats sont morts. »
Et ce n’est pas tant la phrase qui m’avait marquée, mais plutôt son regard, et
la folie que j’y ai perçue. La petite était déjà perdue dans son délire depuis
longtemps. La ramener sur les sentiers de la raison était déjà une cause perdue
d’avance. Au moins, je sais que désormais elle coule des jours plus tranquilles
dans notre bon vieux Bellevue Hospital Center. Vais-je devoir recourir aux
mêmes mesures de sécurité concernant Adam ? Je le crains fort. Karen
semblerait presque saine d’esprit à côté de lui…
J’ai fait sa connaissance il y a trois semaines de cela, le 27 mai très exactement. Ses parents, deux personnes charmantes mais également désespérées, m’ont amené leur progéniture alors que je venais à peine de finir mon déjeuner. Je ne m’attendais pas à un tel rendez-vous. Ils m’ont expliqué entre deux reniflements et trois sanglots que depuis quelque temps, leur fils unique causait énormément d’ennuis aux personnes de son entourage. Il leur faisait mal. Beaucoup de mal. Bien entendu, comme j’aurais dû m’en douter, personne n’était jamais témoin de ses actes, on ne pouvait donc émettre le moindre jugement. Etait-ce bien lui qui avait envoyé ses camarades de classe à l’hôpital ? Nul ne saurait l’affirmer bien que la réponse semblait évidente. Son comportement étrange et renfermé a forcé ses parents à s’adresser à la pédopsychiatrie. Pourquoi ? Je ne sais pas. Sont-ils persuadés que je puisse l’aider ? Je le crois. En suis-je capable ? J’en doute.
Je
me souviendrai toujours de cette première entrevue avec lui. Il s’est
confortablement assis dans le fauteuil en face de mon bureau, et comme s’il
était déjà habitué à mes consultations, il s’est vite mis à parler. Oh, rien de
bien particulier au début, sa passion pour le modélisme, la superbe voiture
qu’a achetée son papa, son goût prononcé pour les sucreries, des trucs de
gosses… Rien de spécial, si ce n’était sa manière de parler qui me laissait
perplexe. Phrases intelligibles, bien construites, propos cohérents et
ordonnés, on aurait pu croire à un discours appris avant de venir. Mais un
gosse de six ans ne parle pas comme ça. Il ne s’exprime pas comme un adulte. Même
en ayant appris par cœur sa leçon, il ne la récite pas comme ça. Adam, lui, a
déjà l’attitude et la parlote d’un petit mec de vingt ans. C’est, je dois
l’avouer, assez intrigant. Plusieurs fois, j’ai remarqué que lorsque dans son
discours apparaissaient des personnes extérieures, comme ses copains de classe,
son institutrice, ou même ses parents, ses yeux s’assombrissaient. J’ai utilisé
ce signe pour faire mon premier diagnostic : une dépression infantile.
Gamin morose, très intelligent mais dont les résultats scolaires étaient
médiocres, de plus en plus froid à l’égard des autres, je pensais avoir visé
dans le mille. Le 7 juin, nous avons entamé notre troisième séance. Celle qui
m’a fait changer complètement d’opinion concernant son état mental. J’ai pris
soin d’enregistrer notre conversation afin de la retranscrire dans ce journal.
Ce jour-là, il faisait assez chaud, Adam était en nage et je lui ai offert un
soda. Nous discutions de choses banales entre deux gorgées de Coca lorsque je
lui ai posé cette fameuse question :
- Adam, as-tu des amis ?
Immédiatement,
son regard a changé. Il a froncé les sourcils et baissé les yeux vers ses
chaussures. A ce moment précis, j’ai su que j’avais touché un point sensible.
Un garçon aussi intelligent que lui devait subir les moqueries des autres ou se
mettre lui-même de côté… Les garçons comme Adam ont rarement des amis. Je
pensais que sa réponse serait négative, et une fois de plus, je me trompais.
- Oui. J’en ai un, a-t-il marmonné.
La
notion d’amitié chez les enfants perturbés est toujours assez floue. Surtout
ceux souffrant de malaise dès qu’ils entrent en contact avec les autres.
D’après les parents d’Adam, c’était une des raisons de leur venue. Adam ne
parvenait plus à s’intégrer aux autres. Ou du moins, il ne faisait aucun effort
pour y arriver. Et ce depuis quelques semaines, sans explication logique, sans
élément déclencheur. Il était donc tout à fait normal que sa réponse me
déstabilise.
- Parle-moi de lui,
lui ai-je demandé.
- Je n’en ai pas le droit ! a-t-il
rétorqué de manière assez violente.
Evidemment.
Ca, c’était bon à douter. J’y aurais mis ma main à couper si j’en avais eu
trois. J’aurais parié très gros sur l’ami imaginaire, celui dont ils ont honte.
Celui qui les aide à avoir un semblant d’amitié. Une présence des plus
réconfortantes dans leur esprit déconstruit. Et bien entendu, rares sont ceux
qui veulent en parler, comme si une malédiction ferait disparaître cet intrus
spirituel de leur imagination s’ils trahissaient le secret. Comme à mon
habitude, j’ai joué la curieuse. Je ne sais toujours pas si j’aurais dû le
faire, mais je me languissais d’avance d’en savoir plus sur l’ami d’Adam.
- Pourquoi ça, Adam ?
- Parce qu’il m’a interdit de le faire. Il
marqua une pause. Si je le fais, il me
tuera.
Je
vous laisse le soin d’imaginer ma surprise quant à cette dernière affirmation.
- Un ami qui te menace ? Tu sais,
Adam, tout ce que tu diras ici restera entre nous. Rien ne sortira de ces murs.
Tu es en sécurité, ici.
- Vous
ne comprenez pas, a-t-il dit en fermant les yeux.
- Mais tu ne m’aides pas vraiment à
comprendre, Adam… Parle-moi de cet ami qui te veut du mal, d’après ce que tu me
dis. Je te le répète : tu es en sécurité avec moi.
Le
garçon a gardé le silence pendant environ cinq minutes, plongeant dans mes yeux
un regard plein de suspicion. Je savais qu’il aurait du mal à me faire
confiance, comme tous les autres. Mais je suis heureuse qu’il me considère
comme une amie, à l’heure où j’écris ces mots. Une amie qui ne lui fera jamais
aucun mal. Adam m’a parlé de Jeffrey. Il s’est penché sur sa chaise jusqu’à
atteindre le bord, et m’a tout expliqué en chuchotant.
- Tant qu’il est endormi, je peux parler
de lui sans qu’il nous entende. Il s’appelle Jeffrey. Il est là,
m’a-t-il dit en me montrant ses paumes.
- Dans
tes mains ?
- Ca dépend. Les dernières fois, il était
là. Dès fois, c’est dans mes pieds. Mais quand il parle, c’est dans ma tête.
Voilà
qui a confirmé mon hypothèse : schizophrénie infantile. Assez rare.
- Jeffrey ne parle qu’à toi ?
- Oui.
Les autres ne l’entendent pas.
- Et qu’est-ce qu’il te dit ?
Nouvelle
pause.
- Plein de trucs. Il me dit tout le temps
qu’il n’a pas de chance, qu’il ne peut pas faire tout ce qu’il voudrait, mais
que moi je peux l’aider. Et parfois, il…
Nouvelle
pause.
- Il quoi, Adam ?
Je
constate que le petit a un air de plus en plus étrange en me racontant ça.
Contrairement aux autres gosses qui me parlent des voix qu’ils entendent, il
n’a pas l’air effrayé, mais… excité. Comme s’il débordait d’enthousiasme à
l’idée de me parler de ce qui fera probablement de lui un futur interné au
Bellevue. Sauf si je parviens à l’aider, bien sûr.
- Il arrive à faire des choses. Il arrive
à bouger.
- Tu
veux dire qu’il te contrôle ?
- Je ne sais pas trop… C’est bizarre. Mais
de toute façon, vous ne me croiriez pas. Personne ne m’a jamais cru.
Réaction
typique d’une schizophrénie paranoïaque. L’enfant est persuadé que le monde entier
est contre lui et ne peut entrer dans sa réalité. D’un autre côté, je crois
comprendre qu’il a déjà parlé de ça à quelqu’un d’autre. Et qu’effectivement,
on ne l’a pas cru. La question qui me taraude est : à qui d’autre a-t-il
parlé de son ami imaginaire ?
- Bien sûr que si, que je te croirai. Je
suis là pour ça, Adam.
C’était
la dernière réplique de cet entretien. Durant le dernier quart d’heure, il n’a
plus prononcé un mot, même malgré mes tentatives de relancer la discussion.
Mais ce mutisme n’avait rien d’habituel chez lui. Je crois bien qu’il s’ennuyait, voilà
tout. Ou s’amusait avec moi, tout dépend du point de vue. Le sourire qu’il m’a
fait quand il a quitté la pièce une fois que ses parents sont venus le chercher
m’a fait peur. Je crains qu’il ne soit également atteint d’une certaine
perversité. Quant à savoir s’il est le responsable de l’hospitalisation de ses
camarades de classe, j’en ferai mon affaire.
NB :
Adam est le cas le plus intrigant que j’aie eu jusque là. L’esprit le plus
subtil, et en même temps le plus méandreux que je connaisse pour un enfant de
son âge. Je crois bien que si j’arrive à le soigner, j’en tirerai un article.
Journal du docteur
Cheryl Garland - 19 juin.
Nouvelle entrevue avec Adam, cet
après-midi. Il est arrivé plein d’assurance, avec le même petit sourire malsain
que lorsqu’il m’a quitté la dernière fois. Ca m’a destabilisé dès le départ. Je
déteste être désarçonnée de mon propre cheval. J’y ai déjà eu droit il y a huit ans lorsque
Karen attendait que ses parents la déposent et s’en aillent pour se précipiter
sur ma porte et s’y claquer vigoureusement la tête. Après seulement trois
minutes d’entretien, elle s’était ouvert l’arcade sourcilière (et fissuré ma
porte par la même occasion). Sur le coup, j’ai paniqué. Mais je défie le plus
éminent pédopsychiatre de garder son calme face à une situation comme celle-ci.
Même Delmer aurait perdu ses moyens ! Bref, rien qu’à son arrivée, j’avais
ce sentiment de malaise.
Cette
fois-ci, il n’y a plus eu de « blocage » concernant Jeffrey. J’ai
demandé à Adam s’il était d’accord que nous reparlions de lui, il m’a répondu
qu’il avait eu son approbation. Il me semble que la schizophrénie d’Adam soit
vraiment particulière. Certes il présente la plupart des signes d’une schizophrénie
pseudo-psychopathique, mais je n’imaginais pas qu’il développerait
si distinctement ces deux personnalités en lui. J’ai même essayé de m’adresser
directement à Jeffrey, sans succès.
J’ai
enregistré notre conversation :
- Adam,
est-ce qu’on peut reparler un peu de Jeffrey ?
Il
hocha la tête en signe d’affirmation.
- Il a dit oui, hier. Que vous n’êtes pas
dangereuse.
- Est-ce qu’il t’a dit autre chose à
propos de moi ?
Une
fois encore, Adam afficha son sourire, celui que je n’aime pas.
- Que vous êtes un peu trop curieuse.
Nous
y voilà. Il n’apprécie pas que je m’intéresse de trop près à sa deuxième
personnalité. Ou du moins, Jeffrey n’apprécie pas.
- Tu crois que Jeffrey ne me fait pas
confiance ?
- Je
ne sais pas. Ca veut dire quoi ?
- Ca
veut dire que je te demande si Jeffrey pense que je suis son amie.
- Ah !
Ben euh… Ca, non. Il dit que je peux vous parler de lui, mais de ne pas trop en
dire.
- Pourquoi ?
Il
marqua une pause, durant laquelle son regard se perdit. Les schizophrènes entrent
souvent dans cette sorte de mutisme inexpressif, une absence prolongée. Il m’a
subitement semblé très mou, même… flasque, oserais-je dire. Mais j’avais
l’infime impression qu’il était loin d’être en inactivité. Je pouvais presque
voir les rouages de son cerveau fonctionner à une rapidité déconcertante. Je ne
peux, par contre, pas préciser si il réfléchissait à sa réponse, où s'il était
en contact avec Jeffrey. De toute manière, ça ne se voit qu’au cinéma. De règle
générale, les schizophrènes N’ENTRENT PAS soudainement en communication avec
leurs autres personnalités. Adam est finalement revenu à lui et m’a
répondu :
- Parce qu’il ne vient que lorsqu’on ne
s’y attend pas. Il préfère se cacher, et punir ceux qui s’intéressent trop à
lui.
Sur
le coup, j’ai eu peur. Ca ressemblait presque à une menace. Mais à ce petit jeu
là, je suis encore la plus forte.
- Tu crois que je pourrais discuter avec
Jeffrey, quand il en aura envie ?
- Je ne sais pas. Je crois pas.
Après
cette réponse, j’ai mis fin à la discussion et j’ai consacré la demi-heure
restante à une expérience. Après quelques explications, j’ai donné à Adam cinq
pots de pâte à modeler, et je lui ai demandé de me matérialiser ce qu’il
voulait. Je l’ai laissé travailler seul pendant une quinzaine de minutes, et le
résultat m’a interloquée (et un peu déçue, affirmons-le) ; cinq escargots,
un de chaque couleur. Je n’ai pas vraiment compris pourquoi un enfant si
intelligent n’a pu me pondre que ces cinq mollusques très facilement
réalisables. Je m’attendais à mieux. Pourtant, il s’est passé deux choses
étonnantes à la fin.
Ses
parents sont venus le chercher, mais avant qu’il ne quitte la pièce, il s’est
retourné.
- Les autres, ils se sont moqués, quand je
leur ai parlé de Jeffrey. Il n’était pas content du tout, alors il leur a
montré. Faites attention, parce que moi je suis d’accord avec lui.
Je
suis restée béate. Les autres ? Parlait-il de ses camarades de
classe ? Ca me semble plus clair. On s’approche du but. J’ai jeté un autre
coup d’œil aux « œuvres » d’Adam en voulant ranger la pâte à modeler.
Je n’avais pas remarqué qu’elles étaient recouvertes de salive.
Journal du docteur
Cheryl Garland - 22 juin.
La
séance avec Adam ne s’est pas exactement déroulée comme prévu. Le garçon s’est
montré un peu trop amical à mon goût. Il a adopté une attitude encore plus
inquiétante. Sa manière de me parler de Jeffrey sans pour autant me donner de
détails ou encore sa façon de me regarder, plein de fierté et de secret, je ne
sais plus vraiment où est sa propre vérité. Il me ment ouvertement, ça, j’en
suis sûre. Il évite toutes les réponses trop révélatrices sur la nature de son
ami imaginaire. Même lorsque j’ai tenté de revenir sur les évènements des
dernières entrevues (sa dernière réponse, et la salive sur ses escargots), il
esquivait les évidences. L’entendre me parler de ses dessins animés préférés
ainsi que ceux de Jeffrey n’est pas suffisant pour moi. Je veux percer les
mystères de cet esprit. J’ai la fâcheuse impression qu’Adam a quelques coups
d’avance dans nos entretiens, et je n’aime pas ça du tout.
Je
considère ça comme du temps perdu. Je n’avance plus dans nos discussions, et je
ne sais pas pourquoi il a désormais cette dégoutante manie de recouvrir de
salive les objets de mon bureau dès que j’ai le dos tourné. Ca m’inquiète
beaucoup. Et je ne cache pas que ça me fait très peur.
NB :
J’ai appris avant-hier que les trois enfants envoyés à l’hôpital sont tous dans
le coma. Que leur a-t-il bien fait ?
Journal du docteur
Cheryl Garland - 29 juin.
Je
n’ai pas revu Adam depuis notre dernière séance. Mais j’ai appris beaucoup de
choses aujourd’hui. Premièrement, une fillette de sa classe, Nancy Richardson, l’une
des « victimes », est sortie de son coma. D’après les dires des
médecins, elle reste plongée dans un état de choc permanent et parle sans cesse
d’un escargot. Par contre, elle n’a rien dit d’autre. Pas de preuve concrète de
la culpabilité d’Adam. Il semble tout de même y avoir un sacré lien entre tout
ça. J’ai beaucoup de mal à comprendre le tout, c’est pourquoi je compte passer
la nuit à travailler pour répondre à ces questions.
Journal du docteur
Cheryl Garland - 3 juillet.
Pas
beaucoup dormi, ces derniers jours. Patrick Sinott et Linda Adelsheim se sont
réveillés à leur tour. Ils sont dans le même état que la petite Nancy, et
baragouinent eux aussi d’étranges choses à propos d’un escargot.
Journal du docteur
Cheryl Garland – 10 juillet.
Il
va falloir que j’arrête de voir Adam. Cette dernière séance avec lui a été la
plus éprouvante que j’aie jamais eue en douze ans de carrière. Je confirme la
réelle perversité de cet enfant. Il maîtrise parfaitement sa propre rhétorique
et parvient à déceler le moindre point faible de mes propos. Je ne peux pas
avoir l’avantage face à lui. J’ai pourtant tenté de savoir de manière claire s’il
était l’auteur de ces violences commises sur ses camarades de classe, et il n’a
rien avoué sans pour autant quitter ce petit sourire de démon de son visage
angélique. Je peux faire face aux insultes, aux silences, aux bouderies, aux
cris hystériques, mais ça, je ne peux pas. Il y a quelque chose de terrifiant
chez ce gamin. Ses yeux. Et toute cette salive qu’il dépose à chaque passage…
Il est écœurant. Je sais que je ne peux pas l’aider. J’ai donné à ses parents
le nom d’un collègue qui pourra peut-être lui venir en aide.
Le
cas Adam Sykes passera entre les mains du docteur Delmer une fois que nous
aurons terminé notre dernière séance.
Journal du docteur
Cheryl Garland - 17 juillet
C’est
impossible. Je cherche encore la raison de cette vision mais je ne trouve pas.
Non, j’ai mal vu, voilà tout. Je me suis laissé berner par son histoire à
dormir debout. Ce gamin est fou à lier. C’est un démon. Mais ce que je ne
comprends pas, c’est COMMENT CA A PU ETRE AUSSI REEL ! Non. Ca n’existe
pas. Aucun être humain ne peut avoir ça à la place des mains et des pieds.
J’ai
vu l’escargot. Aidez-moi.
J’ai
vu l’escargot. Aidez-moi.
J’ai
vu l’escargot. Aidez-moi.
Journal du docteur
Steven Delmer – 4 octobre.
Ma
consœur, le docteur Garland, m’a envoyé un cas très intéressant de
schizophrénie infantile. Adam Sykes, six ans. Cet enfant, au premier contact,
me semble plutôt sympathique et je suis assez pressé de le connaître un peu
mieux. Pas beaucoup d’échanges pour cette première séance (ce que je comprends
aisément compte-tenu du décès de son père il y a une semaine d’un infarctus),
mais ça promet d’être passionnant. D’après le docteur Garlant, il est dans un
stade de la maladie très avancé. Il n’a pourtant fait preuve que d’une intelligence
remarquable pour un enfant de son âge. Une seule chose m’inquiète :
pourquoi une pédopsychiatre aussi éminente qu’elle a-t-elle craqué comme cela ?
Il
faudra d’ailleurs que j’aille la voir.
Son
état empire de jour en jour, à ce qu’on dit.
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